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20 MARS 2011, à RABAT : TEMOIGNAGE.

Par Citoyenhmida

Rabat, le dimanche 20 mars 2011.

Dernier jour de l’hiver ou premier jour du printemps ? Peu importe ! En tous cas, c’est un jour extrêmement important pour le pays !

Des marocaines et des marocains se sont donné rendez-vous dans la plupart des villes du Maroc pour manifester, pour marcher, exprimer haut et fort leurs idées.

Peu m’importe à l’appel de qui ! L’important est ailleurs !

Pour moi, qui ne doit rien au régime et qui en attend encore moins, qui ne doit rien aux jeunes du « 20 février » et qui ne comprend pas la plupart de leurs revendications, qui n’approuve en rien la démarche de Ald Wa Al-Ihsane car je ne crois pas aux rêves même prémonitoires, il était important que je sois dans la rue, pour voir, pour entendre et pour témoigner !

Donc, voilà ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu et ce que j’ai remarqué ce matin à Rabat.

7 heures : je suis réveillé par les jeunes qui viennent tous les dimanches matin jouer au football sous ma fenêtre. Ils ne sont ni plus nombreux ni moins nombreux que les autres dimanches.
8 heures : Je me prépare à sortir. Je veux sentir la ville se réveiller et se préparer à cette journée spéciale.

9 heures : Je roule dans Rabat. La ville s’éveille doucement. Les autobus et les taxis roulent normalement.

9 heures 20 : J’aperçois la première estafette de C.M.I. dans une ruelle des Orangers. Pas de tenue spéciale pour les agents.

9 heures 30 : A la garde de Rabat-ville, le train en provenance de Casa arrive. Deux minutes plus tard, celui en provenance de Fez est à quai. L’ONCF n’a pas interrompu son trafic comme certains le prévoyaient.

10 heures : Place Bab Al Had : les manifestants commencent à affluer. Des jeunes, beaucoup de jeunes, se massent sur l’avenue Hassan II, juste avant le croisement avec le Boulevard Mohamed V. Suivent des moins jeunes, qui semblent ne pas être du même monde que les jeunes !
10 heures 30 : La manifestation monte en puissance. Des slogans très variés, touchant tous les secteurs de la vie publique. On vilipende la corruption, le népotisme, le clientélisme. On conspue certaines personnalités, qu’on veut même « excécuter » : « A3dimouhoum » crient la foule en montrant les photos de têtes bien connues. On aurait pu demander leur jugement d’abord, mais enfin… On exige le départ du gouvernement en place ! On demande la révision de la constitution ! On glorifie l’amazighité.

11 heures : La manifestation semble être au maximum de ce qu’elle pouvait être. Je ne donnerai pas de chiffres : je ne serais pas honnête en la faisant. Mais, en comparaison à d’autres marches et à d’autres manifestations auxquelles j’ai assisté et desquelles j’ai parlé ici même, l’affluence est bien moins forte : la foule tient entre Bab Al Had et l’angle Hassan II-Mohamed V.

11 heures 30 : Pendant que je fais écouter sur mon portable à ma fille qui est très loin les manifestants, un monsieur explique sur son téléphone à son correspondant que « la manifestation est très civilisée».

12 heures : Les manifestants  s’engagent sur le boulevard Mohamed V pour se disperser devant la gare de Rabat-Ville.

12 heures 30 : je repasse devant l’estafette des C.M.I. Je crois que la plupart des agents dorment dans la chaleur étoufante.

Quelques observations personnelles :

1.   Les forces de l’ordre étaient « invisibles » : à part quelques gradés de la police et des forces auxiliaires, à part quelques policiers en civil qui inscrivaient minutieusement les slogans sur leurs petits carnets, comme il y a 30ans. Les mentalités changent mais pas les méthodes. Par contre, pas de policiers en uniformes et surtout pas de forces anti-émeute, avec casques, boucliers et matraques.

2.   La protection civile étaient présente et a même installé des robinets.

3.   Les organisateurs portaient des brasseurs différents, selon le rôle qui leur étaient dévolus.

4.   La manifestation était divisée en deux groupes bien distincts : d’une part, des jeunes gens et des jeunes filles  très cool dans leur tenue et leur comportement, qui semblaient spontanés dans le choix de leurs slogans et d’autre part derrière des groupes bien organisés, encadrés, bien alignés, occupant beaucoup d’espace, avec une stricte distinction entre les sexes !

5.   Les manifestantes qui fermaient le cortège semblaient avoir des revendications très spécifiques, sans  aucun rapport avec les autres.

6.   Je n’ai pas vu beaucoup de têtes connues, à part Abdelhamid Amine que j’ai entendu prononcer cette phrase bizarre « Ghadin 3ajnouha kamline » !

7.   Un très  léger accrochage entre un citoyen et un officier de police aurait pu dégénérer, sans l’intervention d’autres personnes qui ont pu mettre fin à l’incident. Cela prouve que les marocains savent être responsables.

8.   Quelques représentants du Collectif des Marocains du Monde n’ont pas cru intéressant  de se mêler à la foule et se sont tout bonnement installés avec leur banderole en tête de la manifestation.

9.   Une discussion très vive s’est engagée entre des militants Usepéistes et d’autres citoyens : cela m’a rappelé le bon vieux temps où l’on pouvait parler politique dans la rue !

10.   La foule de badauds était très nombreuse le long des trottoirs et la presse nationale et étrangère étaient représentées en force.

P.S. : Pour les photos cliquez ici.


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