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The Fall, et la beauté s'invite à Panic Cinéma !

Par Tred @limpossibleblog
The Fall, et la beauté s'invite à Panic Cinéma !Il y a trois mois, je faisais mes débuts à L’Absurde Séance au Nouveau Latina… un rendez-vous hebdomadaire qui a depuis été renommé et quelque peu repensé. Cette nouvelle mouture du rendez-vous nocturne, désormais baptisé « Panic Cinéma ! » s’écartera à l’occasion du sentier qui a fait sa réputation pour faire découvrir des étrangetés difficilement qualifiables de nanars. Le week-end dernier, je suis allé tâter Panic Cinéma ! à l’occasion de la carte blanche au webzine 1kult. Les gars ont eu l’excellente idée de sélectionner The Fall, le second-métrage de Tarsem Singh jusqu’ici inédit dans les salles françaises.
The Fall ressemblait à une arlésienne cinématographique de plus pour les spectateurs hexagonaux. Tourné essentiellement en 2004, lancé au Festival de Toronto en 2006 et dans quelques autres manifestations l’année suivante, le film était difficilement sorti dans les salles américaines au printemps 2008 sous le patronage de David Fincher et Spike Jonze, deux noms qui ne l’avaient pas empêché de rester quasiment muet au box-office (2 millions de dollars de recettes pour un film tourné dans 18 pays, ça n’a certainement rentabilisé l’investissement) mais qui l’avaient sans doute aidé à se faufiler dans les salles à l’étranger… sauf en France où le film s’est vu directement attribué un passage par la case télé / DVD sans un détour cinématographique.
Et malheureusement, quiconque avait vu la bande-annonce du film sur Internet il y a quelques années avait probablement bavé dessus, sur le potentiel de ce film ultra léché qui promettait un voyage cinématographique hors du commun. Eh bien voilà, samedi soir, Panic Cinéma ! a réparé cette injustice qui nous interdisait de découvrir le film de Tarsem dans une salle obscure, en le précédant d’une sympathique petite intro à la soirée détournant La Chute.
The Fall, et la beauté s'invite à Panic Cinéma !Les aficionados des soirées nanars du Nouveau Latina étaient aussi présents que s’il s’agissait d’un Chuck Norris datant de 1986, au premier rang desquels l’incontournable Homme aux Sacs Plastiques. Collé à son traditionnel premier rang, mon cinémaniaque préféré n’a pas manqué le rendez-vous, flanqué d’un nombre étonnant de sacs ce soir-là (il en avait bien cinq ou six). D’ailleurs je l’avais déjà croisé quelques jours plus tôt Cour Saint-Emilion sous une fine bruine, moi m’en allant vers un Hong Sang Soo à la Cinémathèque pendant que lui courait comme un dératé (comme d’hab’) en T-Shirt malgré le froid (comme d’hab’ aussi) avec ses sacs plastiques pendus à chaque bras, vers je ne sais quel film.
Si l’on aime ce genre de soirée pour l’ambiance « On va mater un nanar et on va se marrer », tout le monde sait reconnaître un film qui ne se prête pas au comportement chambreur habituel, et The Fall était à l’évidence de ceux-là. C’est une œuvre d’un grand soin dans lequel la salle semble s’être plongée avec fascination. L’action se déroule dans un hôpital californien dans les années 20. Une fillette hospitalisée s’y lie d’amitié avec Roy, un cascadeur qui se trouve sans l’usage de ses jambes suite à une cascade de trop. Souffrant le martyre, Roy convainc sa nouvelle amie de lui choper de la morphine en douce. En échange, il lui conte un récit merveilleux dans lequel cinq vaillants héros associent leurs forces pour combattre le Gouverneur Odieux, un sinistre personnage qui est considéré par chacun comme son ennemi juré. A l'écran, le conte de Roy prend vie.
S’il y avait déjà bien une chose de réussie dans The Cell, le premier film de Tarsem Singh (oui, celui avec Jennifer Lopez...), c’était l’univers visuel. The Fall laisse, sur ce plan-là, absolument ébahi. La variété de décors naturels offerts à l’œil constitue un voyage à lui seul. Forts indiens, rizières balinaises, parcs naturels africains, villas italiennes… de la Chine aux Îles Fidji, de la Bolivie à l’Indonésie, Tarsem a posé sa caméra aux quatre coins du monde, littéralement, pour un festival de plans envoûtants. D’une séquence à l’autre, le cadre change et est bouleversé par des décors stupéfiants, soulignés par une utilisation des couleurs absolument somptueuses. Il a tapé haut le bougre. Il a choisi de frapper fort dans l’œil du spectateur, quitte à se montrer un peu léger sur le scénario.
The Fall, et la beauté s'invite à Panic Cinéma !Que le récit ne soit en fait pas aussi épique que l’ambition visuelle de l’entreprise déçoit un peu, certes. Mais la puissance des images est telle qu’on ne lui en veut pas trop. Il se dégage vite que The Fall n’est pas un grand film, mais un trip imprévisible, ça oui, il l’est. On peut même y distinguer en filigrane un bel hommage au cinéma et à l’art du récit filmé et de la narration. On trouve même un ton second degré ouvertement comique qui surprend et charme au cœur d’un récit qui, lui, affirme souvent une amertume contrastant étrangement avec les couleurs chatoyantes qui éblouissent le regard.
Je ne pensais plus voir l’opportunité de découvrir The Fall sur grand écran se présenter, alors voir cette chance se concrétiser en 35mm restera comme une des belles surprises de l’année au cinéma. Merci Panic Cinéma !

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