Auto-Moto, Téléfoot, France 2 Foot, Attention à la marche, tel était le programme d'une concurrence féroce lors de la Finale de l'Open d'Australie disputée par le français Tsonga. Mais le jeune prodige du tennis français a tout balayé d'un coup de raquette : 39.5% de part d'audience (PDA), soit 4.4 millions* de téléspectateurs de 4 ans et plus selon Médiamétrie. Pour une finale jouée si tôt dans la journée, c'est une belle performance. Tsonga a créé la sensation.
Pour autant, peut-on dire qu'il est la nouvelle sensation du sport français ? En d'autres termes, est-il la nouvelle opportunité du sponsoring à l'image de ce que nous avions vu avec Flores, Manaudou, Henry ou Riner ?
Inutile de s'enflammer. Tsonga a un potentiel sportif énorme. Mais il n'est pas le premier tennisman tricolore à atteindre une finale d'un tournoi du Grand Chelem. D'autres noms reconnus s'y sont essayés mais aucun depuis Noah n'a réussi à inscrire son nom au palmarès. Par ailleurs, Gasquet reste encore le meilleur joueur français. Champion du monde junior (comme Gael Monfils après lui), il peine à confirmer au niveau professionnel les espoirs nés de ce titre (comme Gael Monfils!). Les expériences passées ne plaident donc pas en faveur de Tsonga.
Surtout, le potentiel d'un sportif dépend des objectifs de la marque intéressée. S'il s'agit de séduire les fans de tennis, nul doute que Tsonga représente un beau challenge. En revanche, si l'on veut communiquer auprès d'une cible plus large dépassant le cadre du tennis ou du sport, la réflexion doit être particulièrement bien approfondie. Disons le clairement : à ce jour, Jo-Wilfried n'a aucune aura médiatique. Il est actuellement dans un contexte évènementiel particulier, au pic des retombés. Cependant, la courbe va vite redescendre. Le tennis est une discipline a part puisqu'elle n'a pas d'évènements internationaux de grande envergure à l'image d'une Coupe du Monde de Football ou des Jeux Olympiques. Certes le tennis fait parti des sports olympiques. Mais ce n'est pas le titre le plus prestigieux pour les athlètes ni le sport n°1 des JO. Seul un titre à Roland Garros pourrait faire de lui une véritable star. Auquel cas, il aurait une aura médiatique qui dépasserait le cadre sportif. Mais est-il capable de remporter ce tournoi ? Peut être. Mais peut être pas. Rien ne l'indique plus que pour Gasquet par exemple.Si toutefois Tsonga remporte un tel trophée, il aura bien un nouveau rayonnement médiatique. Pour autant, les résultats sportifs ne suffisent plus pour acquérir le statut de star. Deux exemples peuvent être cités pour l'illustrer : Tony Parker et Sébastien Chabal. Le premier ne s'est révélé au grand public qu'après le début de sa romance avec l'actrice Eva Longoria, soit bien après son premier titre de champion NBA. Le second a été porté au nue par tout un peuple alors même qu'il n'est pas titulaire dans son équipe ! Deux cas de figures différent qui démontrent que pour être une star (donc à fort potentiel sponsoring), il faut avant tout avoir le talent mais aussi une gueule, un charisme, une forte personnalité. Idéalement, celle-ci doit savoir séduire d'une manière ou d'une autre la ménagère de moins de 50 ans ! Raison qui hisse Noah à la première marche des personnalités préférées des Français. Cependant, ce n'est en rien une obligation pour être sponsorisable. Il suffit de séduire un public très ciblé pour intéresser les marques. C'est d'ailleurs le cas du surfeur Kelly Slater et peut être de Flores.
Tsonga semble être armé pour réussir dans ce domaine. Mais une fois de plus, il doit confirmer ici aussi. Pour l'aider dans cette voie, le rôle de son équipementier est primordiale. Son plan de communication et le message utilisé pour le joueur dessineront le profil et la cible de Tsonga. A moins d'une personnalité débordante qui orienterait le message de la marque et non l'inverse. Et encore : Nike et le publicitaire Franck Tapiro ont beaucoup contribué à l'image comico-burlesque de Cantona, plus connu précédemment pour sa forte personnalité d'artiste-rebelle. Il avait déjà quelques faits d'armes peu glorieux à son actif mais ceux là n'étaient connus que des fans de foot. Nike lui a permis de se faire reconnaître à travers cette nouvelle image par delà le sport, grâce à ses publicités.
En conclusion, Tsonga a un potentiel sportif intéressant mais insuffisant pour faire de lui la nouvelle coqueluche des fans de tennis. Il peut représenter une marque pour communiquer auprès de cette cible d'aficionados. Pour toucher plus de monde et investir massivement sur son image, il ne présente pas à ce jour le profil le plus opportun ni les garanties suffisantes. En revanche, c'est un joueur à suivre...
*Source : CB News.