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Simone Veil, regard sur les grands

Par Argoul

« Sans doute à cause de ce que j’avais subi en déportation, j’ai toujours développé une sensibilité extrême à tout ce qui, dans les rapports humains, génère humiliation et abaissement de l’autre. » p.144

Aron : « Aussi nous sentions-nous proches d’un Raymond Aron, qui développait une pensée autonome se démarquant avec intelligence et lucidité des extrêmes, aussi bien d’une droite rigoriste, souverainiste, frileuse, parfois haineuse, que d’une gauche encore fascinée par le marxisme et dont le meilleur soutien idéologique était alors Jean-Paul Sartre. » p.137

Barre : « Tant dans ses fonctions antérieures à la Commission de Bruxelles que depuis qu’il dirigeait le gouvernement, Raymond Barre n’avait jamais fait preuve d’une dilection particulière pour la démarche parlementaire. » p.219

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Bayrou : « Il m’était apparu intelligent et dynamique (mais) venait de me donner la vraie mesure de son caractère, capable en quelques jours d’énoncer avec la même assurance une chose et son contraire, uniquement préoccupé de son propre avenir qui, depuis sa jeunesse, ne porte qu’un nom : l’Elysée. Le personnage demeure incompréhensible si l’on ne tient pas compte de cette donnée essentielle : il est convaincu qu’il a été touché par le doigt de Dieu pour devenir président. C’est une idée fixe, une obsession à laquelle il est capable de sacrifier principes, alliés, amis. Comme tous ceux qui sont atteints de ce mal, il se figure les autres à son image : intrigants et opportunistes. » p. 250

Chirac : « Il me fascinait par l’incroyable déploiement d’énergie dont il faisait déjà preuve. Dès l’abord, il était convivial, chaleureux, oecuménique et sectaire, peut-être porteur d’un regret de ne pas être à gauche, en bref séduisant. » p.175

Giroud : « Comme elle se retrouvait en charge du nouveau département de la Condition féminine, il me semblait normal de travailler avec elle (Simone est ministre de la Santé sous Giscard) (…) Françoise m’a écoutée poliment mais, quelques jours après, j’ai eu la surprise de découvrir un écho assez ironique et désagréable dans ‘L’Express’. J’en ai conclu qu’il ne servait à rien de soumettre une quelconque idée à une femme qui faisait profession d’en produire à longueur d’articles. La cause des femmes l’intéressait-elle vraiment d’ailleurs ? Je n’en suis pas convaincue. » p.179

Mauroy : « Pierre Mauroy, dont je connaissais la sagesse et la modération, s’était retrouvé l’otage d’une démarche qui n’avait rien de social-démocrate mais où triomphaient l’incohérence et l’incompétence, comme je l’ai exprimé à l’époque. » p.232

Mitterrand : « Il est cependant difficile de croire que François Mitterrand, se refaisant une santé après son évasion, sur la Côte d’Azur, chez des Juifs d’origine tunisienne, ait pu ignorer les mesures prises à l’encontre des Juifs. » p.52

Président de la République : « Dans notre système, le Président est d’abord un homme seul. Rien ne l’incite au dialogue. Aussi longtemps qu’il est en place, il n’est remis en cause par rien ni personne. Evoluant dans un milieu aseptisé et de plus en plus artificiel, il n’échange qu’avec ses pairs, une poignée de journalistes et une noria de hauts fonctionnaires nommés en vertus d’un pouvoir qui connaît, en France, une ampleur dont nul autre pays n’offre l’exemple. » p.206
Royal : « plus inconsistante, plus floue dans ses jugements (que Dominique Strauss-Kahn) bien que plus entêtée jusque dans l’erreur. » p.277

Sarkozy : « Jeune ministre, a priori inexpérimenté, il connaissait nos chiffres mieux que la direction du budget elle-même ! Depuis lors, ce jeune homme a fait parler de lui. (…) Nicolas Sarkozy aime se battre. Il n’est à l’aise que lorsqu’il défend ses convictions face à un adversaire de poids. » p.277

Sartre : « Demeuraient derrière les barreaux de la prison Montluc à Lyon trois personnes du réseau Jeanson, deux jeunes femmes et un homme, que l’administration ne libérait pas au motif que, n’étant pas algériens mais français, ils ne pouvaient bénéficier de l’amnistie. On imagine l’état de leur moral. Il me paraissait urgent qu’ils puissent être réconfortés. Ils avaient souhaité que Jean-Paul Sartre, leur père spirituel, fût autorisé à les voir. Le feu vert fut donné mais le philosophe ne vint pas. » p.149

Simone Veil, Une vie, Stock novembre 2007, 398 pages


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