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La Tempête des gazelles - Yachar Kemal

Par Ivredelivres

Retour en Anatolie

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Ma rencontre avec Yachar Kemal est toute récente et chance j’ai démarré par une trilogie ce qui me garantit un plaisir prolongé.
Dans le premier tome de cette Histoire d’île, Regarde donc l’Euphrate charrier le sang, Kemal nous installait sur les lieux, l’île Fourmi en pleine mer Egée, un petit paradis qui sert de havre de paix à tout une série personnages en recherche d’un lieu où vivre après avoir été chassé de chez eux par la guerre et les terribles décisions de modifier les frontières et de déplacer des populations prisent en 1920 après la défaite de l’Empire Ottoman.

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Dans ce deuxième volet cette petit île voit se multiplier sa population, les réfugiés affluent par familles entières, elles sont de provenance différentes, les croyances ne sont pas les mêmes, les traditions vont se rencontrer.
Tous les nouveaux arrivants ont une histoire à nous conter, ils ont laissé derrière eux toute leur vie passée. Tous ne sont pas animés de bonnes intentions mais tous sont habités d’une formidable envie de vivre

J’ai aimé la lenteur même du récit, on vit au jour le jour avec la population, les repas partagés, la pêche pour nourrir tout le monde, tous ces gestes quotidiens viennent nous dire que la vie s’est réinstallée avec ce qu’elle a de banal et de répétitif. On trouve, parmi les réfugiés, des hommes de la mer, des dresseurs de chevaux, des gens des montagnes, ceux qui élèvent les abeilles.

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Photo Nathalie Ritzman

Cette vie est entrecoupée de récits durs, violents, des souvenirs qui affleurent et qui se racontent. Les ravages de la guerre sont toujours évoqués car ils sont ancrés chez tous les personnages " Toute personne ayant vécu une telle catastrophe porte en elle une blessure inguérissable" et les histoires individuelles tissent un vaste histoire collective.
Kemal dévoile ce besoin de liens, de fraternité et nous dit que le coeur de l’homme est assez grand pour pardonner, pour rêver, pour aimer même après l’indicible, ce que Boris Cyrulnik a appelé la résilience.

 

Le paradis retrouvé

"Et à présent cette île avec son poirier géant chargé de toutes les fleurs du monde et cette mer ridée de fines vaguelettes une fois de plus m'ont envoûté."

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"La mer toute blanche étincellait à travers les branches des arbres. Il entra dans le moulin à vent. Une araignée avait tissé sa toile et se tenait tapie à l'une de ses extrémités. Trois grains de blé avaient formé un parfait triangle sur la meule. Ses pas l'emmenèrent ensuite vers l'oliveraie. En chemin son regard fut attiré par deux coccinelles posées sur une grande feuille verte, un défilé de fourmis, des scarabées et des fleurs de verveine bleues d'une espèce inconnue du lui."

Je suis totalement sous le charme de Yachar Kemal : j’ai tout aimé, ses personnages, ses descriptions de la nature magnifiques, son amour pour sa terre d’Anatolie, cette capacité à nous rendre présent à la fois la beauté de sa terre et les horreurs de son histoire.
Je ne vous dirai rien du style car je me suis laissé porté par le récit, par les rencontres, par la beauté de cette terre et cela signe le talent du conteur.
Le premier tome a été publié en 2004 le second en 2010 j’espère ne pas attendre 6 ans pour avoir le bonheur de lire le dernier.

Le livre : La Tempête des gazelles - Yachar Kemal - Editions Gallimard


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