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De l'extase

Publié le 25 mars 2011 par Franzie
De l'extase

L'extase me fascine. En huitième une gentille maîtresse nous avait fait lire, autant qu'il m'en souvienne, l'histoire de mioches accroupis devant le soupirail d'une boulangerie, qui sentait la brioche... C'est vous dire si ça remonte à loin et si pour moi l'extase possède cette connotation gourmande, dont je découvris plus tard que la littérature est pleine.

Mais qu'est-ce que l'extase ? Le mot vient du latin y paraît : se tenir ; et , en dehors. Comme le dit le dico, c'est être dans un état d'exaltation, de vive admiration procurée par une chose ou par une personne.

Compte tenu de ma propre histoire en la matière, j'élimine d'autorité les extases de type mystiques ou sexuelles toujours un peu outrées, et donc racoleuses. Non, aux unes qui selon Saint Paul vous montent au troisième ciel ou aux autres qui vous propulsent d'un jet au septième, je préfère des ascensions moins hautes, plus soft, quoiqu'aussi planantes. Comme celle que Maupassant décrit dans l'un de ses contes normands : Miss Harriet .

" Miss Harriet contemplait d'un regard passionné la fin flamboyante du jour. Et elle avait certes une envie immodérée d'étreindre le ciel, la mer, tout l'horizon...Et elle restait debout comme je l'avais vue souvent, piquée sur la falaise, rouge aussi dans son châle de pourpre. J'eus envie de la croquer sur mon album. On eût dit la caricature de l'extase. "

" Manquant de souffle, Béatrice avait durement vécu les premières randonnées. Mais elle avait vite reprit de la vigueur et n'avait pas tardé à rivaliser avec sa co-équipière dans l'ascension du petit sentier caillouteux. Il lui arrivait même désormais de mener le train pour arriver la première en haut des ruines. De là elle dominait, seule un instant, les deux versants de la montagne, s'abandonnant, exaltée à la vue d'une nature encore sauvage et superbe. Puis, Nevenka la rejoignait pour lui commenter le paysage qui se trouvait à leurs pieds. Au sud se détachaient les contours flous de la ville souvent enveloppée de brume, tandis qu'au nord, par-delà les grandes vagues vertes de la forêt, s'égrenait un chapelet de petits villages aux reflets blancs. Leurs églises se dressaient, chapeautées de clochers en bulbes qui, de loin, leur faisaient comme des petits bonnets. Béatrice avait alors, face au vent, la sensation qu'elle aurait pu s'envoler pour les rejoindre. "


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