Revue de presse d'avril

En tentant de reprendre la revue de presse, j'ai commencé par le premier arrivé dans ma boîte aux lettres : le numéro de Diapason d'avril. Nos amis de Classica, comme souvent à la traîne, seront revus quand ils daigneront expédier leur papier aux abonnés (très souvent plusieurs jours après les kiosques).

Diapason d'avril, c'est drôle, ça sonne comme poisson d'avril. Il doit sans doute s'agir d'une déformation toute subjective d'un vertébré aquatique et rêveur comme moi.

Seulement, en page 9 de celui qui s'arroge en toute modestie le titre de "Numéro un de la musique classique et de la hifi" (sic) on peut tomber sur un article qui ressemble à un canular. Pour être tout à fait honnête, c'est une fidèle lectrice de mon blog, Emmanuelle, qui m'a alerté, via l'article du blog MusiKlassic où l'auteur, dans sa légitime colère, appelle carrément à la Révolution.

Avant que je vous relate le point, j'espère que vous êtes bien acccoché(e) à votre siège. Pour ma part, l'immunisation commence à opérer quant à ce genre de mascarade, avec la crainte que ma résignation soit déjà assimilable à un véritable syndrome de Stockholm... La colère de MusiKlassic est salutaire car elle tente de faire sortir l'opinion de sa torpeur. Sacrées montagnes à abattre, mais bon...

Le mieux est de reprendre texto le début de l'article d'Arielle Goupi : "Pris de court dans çe qu'il faut bien appeler "l'affaire Céline ", Frédéric Mitterrand semble résolu à ne pas laisser une telle confusion se reproduire. Aussi, en accord avec MM Vairon, responsable de la musique aux Archives de France, et Baravelle, secrétaire général du Crif, le ministre de la Culture a-t-il d'Ores et déjà indiqué que le nom de Richard Wagner n'apparaîtrait Pas dans le fascicule 2013 des Célébrations nationales. Selon une note publiée en ligne, « il ne semble pas opportun que l'Etat français fasse la promotion de l'auteur du "Judaïsme dans la musique", ou relaie en quelque manière les propos nauséabonds de personnages engagés contre la liberté, l'égalité et la fraternité "."

En conséquence : "... ] une lettre officielle est arrivée du ministère à l'Opéra national de Paris priant son directeur de ne pas reprendre l'intégralité du Ring signé par Philippe Jordan et Günter Krämer à l'occasion du Bicentenaire de la naissance du compositeur ainsi qu'il était prévu depuis la mise en route du projet."

On tient alors la clé du "problème" (vous m'excuserez de l'euphémisme). Que l'on désire éviter de commémorer en fanfare un artiste au passé "troublé", soit... Dans ce cas, je pense que nombre de compositeurs, écrivains, peintres vont se retrouver rapidement sur la liste noire. Ensuite, que l'on aille jusqu'à censurer (oui censurer) un programme de représentation de concerts !

Pour reprendre mon petit commentaire sur MusiKlassic et sur la page Facebook du poisson rêveur : de qui le Ministère de la Culture a-t-il peur si ce n'est de lui-même ? On tient tout simplement un prétexte pour ne surtout rien faire. Il n'y a que le Pouvoir pour visiblement ne pas s'émouvoir du vide culturel, au contraire. Doit-on être machiavélique pour aller jusqu'à penser que ce prétexte "historico-moral" fournit une extraordinaire opportunité pour poursuivre le désengagement des pouvoirs publics dans le domaine culturel ? Est-ce si machiavélique que cela d'imaginer une telle tactique ? Ne serait-ce tout simplement une réalité flagrante ?

Il n'y a rien de blâmable à ne pas inscrire dans les commémorations nationales l'anniversaire de la naissance ou de la mort d'artistes tant qu'il subsiste chez ces derniers des "zones d'ombre" en opposition flagrante avec les "valeurs de la république". De toute façon, entre nous, les commémorations nationales... Mais, s'il vous plaît, laissez les artistes s'exprimer, laissez le travail s'accomplir. On ne peut absolument pas nier le rôle fondamental de la création wagnérienne dans la musique de notre temps. C'est tout simplement impossible, même si la récupération de l'univers wagnérien à des périodes noires de notre histoire nous plonge dans un profond dégoût.

Je me souviens parfaitement de cette déclaration du philosophe Vladimir Jankélévitch lorsqu'il était interviewé par Bernard Pivot où il disait (je vais tenter de ne pas déformer ses propos) que, compte tenu de l'horreur de la Shoah, qu'il a en outre personnellement affrontée, il lui était impossible d'écouter la moindre musique d'un compositeur allemand. On pourra trouver ce lien absurde, excessif. Je le respecte fondamentalement pour ma part car cela reste une position individuelle, intime et qui ne peut être nécessairement répliquée.

Ce n'est certainement pas alors à l'Etat de moraliser la vie culturelle en nous dictant quelle musique on doit interpréter.

Je terminerai par la citation célèbre de Woordy Allen, dans le texte : "I can't listen to that much Wagner. I start getting the urge to conquer Poland". N'est-ce pas la meilleure manière de chasser les démons ?