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HOUSE OF SAND AND FOG de Vadim Perelman (2003)

Publié le 26 mars 2011 par Celine_diane
HOUSE OF SAND AND FOG de Vadim Perelman (2003)
Deux destins, et une maison. Kathy (Jennifer Connelly, intense) d’un côté, sommée de quitter la demeure de son défunt père parce qu’elle n’a pas ouvert son courrier et payer ses impôts, Behrani (Ben Kingsley, admirable) de l’autre, colonel iranien à la retraite qui a du mal à joindre les deux bouts et assurer le confort de sa femme et son fils. Au milieu, une maison- à elle seule le symbole du rêve américain et de la notion de propriété, que la première essaie de récupérer des mains (griffes?) du second, celui-ci comptant bien doubler son investissement et s’extirper ainsi de la pauvreté. Ce qui frappe d’emblée dans ce récit adapté du roman éponyme d’André Dubus III c’est qu’il n’y a pas de bons ni de méchants. Seulement deux personnes qui cherchent à défendre leurs propres intérêts. Leur lutte, psychologique et complexe, pour sauver leur condition pointe du doigt tous les travers d’une société capitaliste et vicieuse, dans laquelle le bonheur matériel demeure immuablement fragile, lorsque l’on se situe hors de la norme: Kathy dont le mari l’a quittée parce qu’il ne voulait pas d’enfants (famille), Behrani respecté dans son pays et dénigré constamment dans cette terre d’exil et de (fausses) promesses qu’est l’Amérique (immigration). Ou cette figure du flic (Ron Eldard) aussi, usant et abusant de son uniforme, tout aussi attachante que pathétique, qui quitte enfants et épouse pour le feu de paille d’une passion. Chacun tente de préserver son rêve dans une tragédie qui revêt rapidement des allures de cauchemar éveillé. Jusqu’à l’acmé obligatoire du genre (terrifiant, insoupçonné, cruel), Vadim Perelman comprend que l’essentiel (du cinéma, de la vie) se situe dans les détails. Du parallèle subtil qu’il construit entre ses protagonistes, il tire une œuvre bouleversante, qui ose et offre une vision anti manichéenne des situations: rien n’y est tout blanc, personne n’y est tout noir. Quelque part entre la cruauté du Jaffa de Keren Yedaya et la rigueur émotionnelle du Mystic River d’Eastwood: il n’y a que le gris omniprésent d’âmes à la dérive, embrumées, condamnées par une force (divine ou non) qui les dépasse. Et, in fine, un seul constat: la stupidité est une route comme une autre, vers l’enfer.
HOUSE OF SAND AND FOG de Vadim Perelman (2003)

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