ier soir nous regardions les pubs de mauvaise qualité de l’Alliance Française pour la dernière fois. Voilà, c’est terminé pour cette année. Et le moindre qu’on puisse dire, c’est qu’on en a bien profité ! Petite séléction personnelle :
Les arrivants de Claudine Bories et Patrice Chagnard
Un documentaire sur la CAFDA, organisme chargé d’accueillir et accompagner les demandeurs d’asile en France. La caméra suit le parcours de quelques familles et des assistantes sociales, qui se tapent la tête contre les murs pour tenter de résoudre une multitude de problèmes. Des portraits très touchants, des parcours terribles, un documentaire qui remet selon moi l’Australie à sa place. Ici, les demandeurs d’asile sont mis en détention dès leur arrivée, sur l’île de Christmas Island, et peuvent y rester des années avant de voir leur cas étudié. Imaginez ces gens traumatisés par la guerre, et peut être même la torture, se voir enfermés dans leur nouveau pays… Une situation très choquante qui est régulièrement au centre des débats Australiens. Je ne suis pas en train de dire qu’en France c’est parfait, loin de là. Il n’y a qu’à voir le documentaire pour s’en assurer. Pour nous, l’un des meilleurs moments du festival.
Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois
L’autre gros coup de coeur. Le film a reçu le grand prix du festival de Cannes l’année dernière. On en ressort complètement bouleversé. L’histoire vraie des moines Cisterciens de Tibhirine, en Algérie. Des hommes dont la mission est d’aider la communauté locale dans son quotidien, décident de rester dans leur monastère jusqu’au bout, malgré la menace d’un groupe islamiste qui massacre tous les étrangers du coin. Le film est lent, rythmé par les prières de ces hommes qui se préparent doucement à mourir pour leurs idées.
Ce n’est qu’un début, de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier
Encore un gros coup de coeur. Un documentaire très poétique sur une école maternelle en ZEP, dans la banlieue parisienne, qui a mis en place des séances de philosophie pour ses élèves de 4 ans. Chaque semaine, l’institutrice réunit sa classe autour d’une bougie et leur fait parler d’amour, de liberté, de la mort… Les premières séances sont difficiles, les enfants ne veulent pas vraiment parler, puis, au fil du temps, l’instit s’efface pour les laisser réfléchir et rebondir sur les différents sujets. Les enfants tiennent le thème tout le temps de la séance, et poursuivent ensuite la discussion avec leurs parents à la maison. Un bon moyen de leur apprendre à communiquer leurs idées par la parole et aider les parents à instaurer la communication dans le noyau familial. Les mimiques des enfants vous feront rire, à coup sûr.
Une exécution ordinaire, de Marc Dugain.
L’une des théories sur la mort de Staline. Un film aux tons gris, qui dépeint le quotidien d’un peuple qui a peur et se méfie de tout le monde. Il faut quand même passer sur le fait que les acteurs sont français et parlent français… un drôle de parti pris mais c’est bien joué.
Les invités de mon père, de Anne Le Ny
Un film très drôle sur la réaction de différents profils sociaux face à la décision d’un médecin à la retraite d’accueillir (et se marier) à une jeune femme moldave pour lui éviter l’expulsion. Entre démagogie et racisme, tout le monde en prend plein les dents, ça dérange et c’est bien mené.
Deux de la vague, de Antoine de Baecque et Emmanuel Laurent
Un documentaire sur les origines de la Nouvelle Vague et la relation entre Truffaut et Godard. Ce qui les unissait et ce qui les a fait prendre une voie radicalement différente. Un bon moyen pour moi d’apprendre plein de choses, car je suis une quiche sur la Nouvelle Vague.
Tournée, de Mathieu Amalric
Plusieurs années après avoir “fuit” la France et ses dettes, Joachim revient des Etats Unis avec un groupe de strip teaseuses “New Burlesque”. Il veut leur faire faire une tournée en France et leur promet de voir le pays sous ses plus beaux aspects. Une belle ode à la femme, dans toute son extravagance et sa fragilité.
Le bruit des glaçons, de Bertrand Blier
Un parti pris un peu fou pour ce film dont le héro, un écrivain sur la touche qui aime un peu trop souvent “s’envoyer un coup de blanc”, reçoit la visite de son cancer. Ils ne se lachent plus d’une semelle et deviennent presque les meilleurs amis du monde lorsque l’écrivain décide que sa vie ne vaut plus la peine d’être vécue. C’est drôle et c’est très poétique, et je dois avouer que Jean Dujardin est pas mal dans le rôle.
Les femmes du 6ème étage, de Philippe Le Guay
Dans les années 60, un banquier bourgeois embauche une nouvelle femme de ménage. Celle-ci est espagnole et vit au 6ème étage, avec d’autres femmes de son pays. Son quotidien est rythmé par le travail long et fatiguant, mais aussi par les plaisirs simples et exhubérants partagés avec ses collègues espagnoles. Le banquier, attiré par sa femme de ménage, va découvrir un monde totalement à l’opposé du sien, triste et austère. La salle a ri, et tout le monde est parti avec le sourire jusqu’aux oreilles. C’est léger, joyeux et touchant.
Potiche, de François Ozon
Comme d’habitude, François Ozon fait des paris risqués. Mais comme d’habitude, on est agréablement surpris par le résultat. Il aime les femmes et ça se voit dans tout ce qu’il a fait. Ambiance kitsch à souhait pour ce film dont la “potiche” de la maison décide de faire quelque chose de sa vie, à l’encontre de son mari macho qui ne l’imagine pas faire autre chose que de la décoration intérieure. Très drôle… et très stylé !
Et dans le cadre du film gay et lesbien, on a beaucoup aimé :
J’ai tué ma mère, de Xavier Dolan
On parle beaucoup de Xavier Dolan comme d’un génie (il a fait ce film à l’âge de 18 ans) et lorsqu’on voit le film, on comprend pourquoi. Le réalisateur nous raconte avec beaucoup de sensibilité son adolescence, sa relation conflictuelle avec sa mère et sa sexualité. C’est beau, c’est mature et c’est très professionel. La BO est également à écouter. C’est aussi très drôle, en tant que français, de l’entendre insulter sa mère avec hargne, en lachant des “tabernacle” enragés (il est québécois).
Le dernier été de La Boyita (El Ultimo Verano De La Boyita), de Julia Solomonoff
Un film sur la transition entre l’enfance et l’adolescence. Une petite fille observe avec tristesse sa grande soeur se transformer en jeune femme. Elle l’admire mais ne peut plus être proche d’elle comme avant. Elle part à la campagne avec son père, le temps d’un été, et tombe amoureuse de Mario, jeune garçon timide et renfermé. Mario cache un lourd secret que ses parents ne sont pas prets d’accepter. Un film sensible sur fond de vacances d’été, longues journées chaudes, baignades et indolence. Il nous a rappelé ce film qui était passé inaperçu à sa sortie, et qui valait pourtant le détour : XXY, de Lucia Puenzo.