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Comment rendre les musées lisibles aux non-voyants?

Publié le 27 mars 2011 par Peregrinationsculturelles

La question de l’accessibilité est importante pour les monuments et les musées quand on parle d’aménagement d’espaces ou de médiation. En Italie, une institution originale propose des idées forts intéressantes. Située au cœur de la Toscane, la petite commune de Buonconvento accueille le Laboratoire d’accessibilité universelle. Comment rendre les musées lisibles aux non-voyants?

Sa mission générale est d’étudier et de développer des moyens pour faciliter l’accès aux lieux publics aux personnes atteintes d’un handicap, mais elle propose au sein de ses locaux deux expositions remarquables. Elles ciblent toutes les deux les non-voyants mais sont aussi faites pour sensibiliser tous les publics à ce handicap. Quand on parle d’expositions pour non-voyant, cela signifie une seule chose : toucher, et cela plait à tous, vu l’interdiction qui pèsent souvent dans les musées, au grand damne des visiteurs.

La première exposition s’intéresse à l’art contemporain. Elle met en scène huit chef d’œuvres du XXeme siècle. Le principe est simple : un panneau donne les informations principales, une photographie de l’artiste et une de l’œuvre permet de savoir de quoi et de qui on parle. Un moulage représentant un portrait de l’auteur permet aux non-voyants de l’identifier. Les lettres sont toutes en relief pour faciliter la lecture au toucher.

A côté du panneau, la reproduction permet d’en saisir tous les détails… Pour les tableaux, les couleurs utilisées ne sont pas les mêmes que celles de l’original pour permettre aux malvoyants de mieux repérer tous les contrastes. Rugueuse, la représentation prend réellement vie sous les doigts et permet de comprendre et de « voir » l’œuvre d’un œil nouveau.

Comment rendre les musées lisibles aux non-voyants?

La seconde exposition est avant tout une expérience. Intitulée « Vietato non toccare » (littéralement « Interdit de ne pas toucher »), elle met le visiteur en scène. Le thème développé ici est celui de la Préhistoire mais peut s’étendre à l’infini.

Les yeux bandés, la guide fait évoluer le visiteur dans un espace structuré. Tous les sens sont mis à l’honneur. Le discours du guide, l’odeur qui rappelle la forêt, les écorces posées sur le sol qui font comprendre que l’environnement change… Les visiteurs sont menés de table en table, chacune faisant découvrir les évolutions propres à chaque période. De l’anatomie humaine aux outils, en passant par les débuts de l’agriculture et la découverte du fer, chacun est amené à formuler des hypothèses sur ce qu’il est en train de toucher avant d’avoir une explication. Comprendre l’utilité d’un objet sans avoir la possibilité de le voir est surprenant, surtout quand il s’agit de découvrir un pan de notre histoire… On ressort en ayant compris les grandes lignes de la préhistoire, les grands changements qui ont formé le monde d’aujourd’hui. Mention spéciale à la guide, qui fait un travail remarquable. On regrette cependant que cette exposition soit si peu « accessible » : il faut réserver pour profiter de la visite et cela à un numéro introuvable sur internet!

Le moment le plus étrange est celui de la découverte de la salle après avoir réalisé le parcours. L’espace dans lequel on pensait se perdre par sa grandeur se révèle tout petit. Les objets sont posés sur de simples tables d’écoliers… C’est là qu’on se rend compte qu’il n’y a pas besoin de grands moyens pour mettre en place une bonne exposition didactique. Quelques objets significatifs organisés de façon intelligente peuvent suffire pour faire comprendre un sujet.

Si l’accessibilité devient un élément important dans la conception de chaque exposition, elle est fort peu mise en avant. Les expositions conçues pour les non-voyants comme dans cet exemple, permettent de rendre accessible à tous les collections d’un musée et sont un excellent moyen de médiation.

Les plus :

  • une expérience unique
  • une façon originale de comprendre un sujet
  • le peu de moyens pour mettre en place ces expositions

Les moins:

  • Laboratoire d’accessibilité qui est paradoxalement peu accessible au public

Par A.D


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