Le secrétaire national du SNUI (le syndicat de Bercy), Vincent Drezet et l’économiste Liêm Hoang-Ngoc s’en prennent aux riches dans un petit ouvrage avec un titre-manifeste : Il faut faire payer les riches (Seuil, 2010).
Je me permets d’abord plusieurs remarques concernant quelques inexactitudes. En plus des affirmations fausses sur les inégalités, les auteurs dénoncent « le sport national des riches » consistant à user des niches fiscales pour ne pas payer l’impôt. Environ la moitié des Français le fait et ce ne sont pas tous des riches. « La période de l’histoire du capitalisme où l’impôt progressif a sévi est celle où, dans tous les pays développés, le dynamisme économique fut le plus intense. » Non, le capitalisme a connu différentes périodes de dynamisme. Fin du 19e et début du 20e siècle, l’Amérique a connu un essor économique impressionnant alors que l’impôt sur les entreprises était égal à… 0%. Les baisses d’impôts des Reagan et Thatcher au début des années ’80 ont relancé les économies américaine et britannique. Les pays nordiques, Suède en tête, sont sortis de la brume keynésienne en privatisant les services publics et en allégeant la pression fiscale. Les pays de l’Est, anciennement communistes, ont connu de fortes croissances après l’introduction de la flat tax (impôt à taux unique).
Contrairement à ce qu’écrivent Drezet et Hoang-Ngoc, les stock-options ne sont pas l’apanage des riches. Des dizaines de milliers de cadres en bénéficient dans les entreprises. Comment peut-on écrire que « Plus on est riche, moins on paie la TVA » ? On se base sur quels critères scientifiques ? Ou bien que « les politiques fiscales d’inspiration néolibérale, pratiquées depuis 1993, sont en passe de réduire encore la redistributivité du système » ? Qu’est-ce qu’il y a de libéral ou de néolibéral (ça veut dire quoi ?) en France où l’État confisque plus de la moitié des richesses produites ?
En guise de conclusion, j’aurais une contre-proposition. Il faut faire payer les syndicats et les fonctionnaires. Les deux auteurs devraient cotiser par exemple pour leur retraite et ne pas profiter de l’argent des contribuables. Les syndicats devraient être obligés de publier leurs comptes et de se soumettre à des contrôles des organismes privés. Vu les nombreuses affaires de ces dernières années – mutuelles des étudiants, caisses de retraites, comité d’entreprise d’EDF, etc. – ils n’ont pas vraiment de leçons à nous donner.