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And she feeds you tea and oranges That come all the way from China

Publié le 29 mars 2011 par Petistspavs

Et ouis, c'est le risque d'une série sur la chanson, j'ai eu envie d'un rappel.

Mais auparavant, un  petit détour par la passionnante revue ciné d'Arte, Blow up, qui de livraison en livraison ne cesse de nous étonner et de nous séduire. Cette fois, il s'agit pour Blow up, à l'occasion de la grande expo de la Cinémathèque, de restituer Kubrick en images et musiques, de façon joliment symphone. Voyez plutôt :

Ne ratez pas cette expo, si vous ne connaissez pas bien. Moi, je retiens deux choses de Stanley Kubrick, outre le bonheur dont la plupart de ces films m'ont gratifié.
1. On parle de "films de genre" comme on parlait de série B à l'époque où on parlait encore de Série B. Western, science-fiction, horreur, polar, film en costume, péplum, film de guerre. On en parle avec un petit mépris, même si aujourd'hui le film de genre commence juste à être représenté comme un des beaux arts, la rétro Hammer d'Orsay en est un exemple, la redifusion en boucle par le réseau Action des films de Jacques Tourneur (I walked with a Zombie, Cat people, Night of the Demon) en est un autre. Or, qu'a bien pu fabriquer Kubrick dans le cinéma, sinon s'approprier le film de genre, la série B pour en extraire quelques chefs d'oeuvre, un peu comme lorsque, chacun à son époque, F. W. Murnau, Carl Th. Dreyer ou Francis F. Coppola traquent le vampyre. Pour Kubrick, ça donne Spartacus, 2001, A space Odissey ou The Shining, c'est à dire ce que ces films de genre pouvaient donner de meilleur.
2. Tout amoureux de cinéma a son Kubrick préféré. Moi, j'hésite entre 2001 et Spartacus, mais ce peut être pour d'autres l'un quelconque des 13 longs métrages qu'il a laissés (je compte de mémoire, merci de ne pas m'excommunier en cas d'erreur). Certains tiennent même Eyes wide shut pour son chef d'oeuvre, film que je n'ai pu me résoudre à voir lors de sa sortie, parce que Kubrick venait de mourir et c'était trop triste, mais aussi parce que je ne comprenais pas le choix des acteurs. J'en reviens à mon idée : tout cinéphile a son Kubrick préféré, mais ça peut être n'importe lequel de ses films (sauf les deux premiers longs, sans doute). Si on demande à 100 cinéphiles leur Hitchcock, leur Hawks ou Ford préféré, il y a toutes les chances pour que 80 ou 90 % citent les quatre ou cinq films auxquels, dans des filmos généreuses, nous pensons tous. Kubrick, qui a réalisé un très petit nombre de longs métrages, les a tous tellement travaillés qu'ils peuvent être, chacun, le film préféré d'un tas de fans.

J'en viens à mon rappel. Les fidèles de ce blog se souviennent que j'ai publié une sorte d'hommage à des chanteurs musiciens et poètes, Springsteen, Ferré, Bashung, Biolay et Brassens. Il me manquait quelqu'un dans ce quasi Panthéon, que j'ai réécouté, revu, avec plaisir. Il me manquait quelqu'un, mais était-ce un des héros fondateurs qui, de Gainsbourg à Dylan ont su, constamment, me remettre sur la voie (la voix) quand la médiocrité m'attirait dans ses griffes ? Serait-ce une de ces jeunes pouces qui, de Marchet l'impérial à Belin le ténébreux créateur de formes musicales, m'aident à penser que la disparition des grands créateurs totémiques du passé ne signifie pas la fin de tout.

Et, après une âpre discussion-négociation avec moi-même, l'évidence m'est apparue. Leonard Cohen, à nouveau et dans un titre totémique lui aussi, qui porte le prénom de ma soeur que j'aime, Suzanne.

J'ai choisi la version du festival de l'ïle de Whight, si peu solide techniquement, si anarchiquement sensible. Leonard, dès cette époque, est accompagné de jolies femmes qui font semblant de chanter, de choriser, mais qui sont là comme pour vaporiser de la beauté autour de lui. Lui, justement, vêtu comme un sac, les cheveux longs et gras, pas ou mal rasé, est sublime dans certains plans. J'aime cet homme, je l'ai déjà dit ici, mais là, je me rends compte que si je devais me faire baiser par un mec, j'aimerais que ce soit par lui. 

Après cette déclaration inédite (Leonard, tu me lis ?), je vous propose, juste avec le son, une autre version de Suzanne, traduite en français, pas si mal ma foi par Graeme Allright et interptétée par Alain Bashung, sur son ultime disque en studio. Ce qui me permet de rebondir sur cette série consacrée à la chanson qui fait du bien quand on en a besoin. Interprétation sublime. Je n'ai pas honoré la mort de Bashung en mars.  Je préfère honorer sa vie, tout le temps.

Je continuerais bien cette conversation sans but ni raison, mais je vais me mettre à table.

A bientôt.


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