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Neuf grands maîtres de l’estampe

Par Activitesbnf

Les corpus

“Tous ces aventuriers, à demi enfoncés dans l’impossible…

… et tenant à peine par le talon à la vie réelle, vont et viennent dans les légendes, perdus vers le soir dans des forêts inextricables, cassant les ronces et les épines, comme le chevalier de la mort d’Albert Durer, sous le pas de leur lourd cheval, suivis de leur lévrier efflanqué, regardés entre deux branches par des larves, et accostant dans l’ombre tantôt quelque noir charbonnier assis près d’un feu, qui est Satan entassant dans un chaudron les âmes des trépassés”. Par ces mots, Victor Hugo évoque l’une des très célèbres gravures d’Albert Dürer, Le chevalier, la mort et le diable :

Neuf grands maîtres de l’estampe

Le chevalier, la mort et le diable / AD 1513 [A. Dürer, 1513], burin

Conservé à la Réserve des Estampes, l’œuvre gravé de Dürer fait l’objet d’une numérisation intégrale. Il est d’ores et déjà possible d’admirer en ligne ses burins, au même titre que nombre d’estampes de grands maîtres des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles : les œuvres de Martin Schongauer, les gravures de Marcantonio Raimondi, les eaux-fortes de Jacques Bellange sont venus enrichir récemment les fonds numérisés de la BnF. Suivront très bientôt les paysages tourmentés de Hercules Seghers et les scènes de genre de François Boucher.

Neuf grands maîtres de l’estampe

Les trois saintes, Jacques Bellange, entre 1595 et 1616, eau-forte

“L’effroi des rêves tourmentés”

Le XIXe siècle n’est pas en reste, qui se trouve mis en valeur à travers trois artistes majeurs. Ce sont d’abord les lithographies et eaux-fortes d’Odilon Redon, dont l’onirisme se décline pour Huysmans dans L’art moderne, en “des planches agitées, des visions hallucinées inconcevables, des batailles d’ossements, des figures étranges, des faces et poires tapées et en cônes, des têtes avec des crânes sans cervelets, des mentons fuyants, des front bas, se joignant directement aux nez, puis des yeux immenses, des yeux fous, jaillissant de visages humains, déformés, comme dans des verres de bouteille, par le cauchemar”. Alors qu’a débuté il y a peu, en partenariat avec la BnF, une exposition exceptionnelle sur cet artiste inclassable, 245 de ses estampes sont aujourd’hui accessibles sur Gallica.

Neuf grands maîtres de l’estampe

“L’oeil, comme un ballon se dirige vers l’INFINI”, Odilon Redon, 1882, lithographie sur Chine appliqué sur vélin

Camille Pissarro est quant à lui à l’honneur à travers plus de 200 eaux-fortes, dont certaines ont été présentées lors de la très belle exposition “L’estampe impressionniste” au musée des Beaux-Arts de Caen, l’été dernier ; Félix Vallotton est pour sa part représenté par 260 de ses bois, lithographies et eaux-fortes, dont certains sont parus dans la célèbre revue L’Assiette au beurre.

Neuf grands maîtres de l’estampe

“Ah! bougre de salaud, tu m’as appelé vache!…” [Crimes et châtiments. XXII], Félix Vallotton, L’Assiette au Beurre (Paris), 1901, lithographie 3 couleurs (noir, rouge et vert)

Ce n’est là que le début d’un programme de mise en ligne des oeuvres des grands maître de l’estampe conservées au département des Estampes et de la photographie, programme qui se poursuivra dans les années à venir.

Jude Talbot - Département des Estampes et de la photographie


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