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The company men

Publié le 30 mars 2011 par Acrossthedays @AcrossTheDays

THE COMPANY MEN

Après les riches traders de Wall Street 2, Hollywood nous fournit aujourd’hui un drame social à l’américaine. Quatre grands acteurs pour un film aux promesses toutes aussi grandes. Quelques mois après le documentaire oscarisé Inside Job, The Company Men est l’une des premières fictions américaines s’attardant non plus sur les causes, mais sur les effets de la récession économique de 2008. Et le réalisateur, John Wells, producteur et scénariste d’Urgences et d’A la Maison-Blanche, signe ici son premier long-métrage.

Le pitch ? Bobby Walker, Phil Woodward et Gene McClary, cadre supérieurs d’une même entreprise, se retrouvent du jour au lendemain à la porte. Licenciés suite à une réduction d’effectifs de leur boite GTX, ils vont devoir faire face à une situation pour le moins inattendue et à laquelle rien ne les prédestinait.

Alors que les Etats-Unis connaissent en octobre 2006  leur taux de chômage le plus bas des années 2000 durant le second mandat de George Bush (4,4% en 2006), la récession qui débuta à partir de 2007 ouvrit les vannes d’une insécurité sociale. À peine Barack Obama prenait ses fonctions à la Maison-Blanche que l’économie américaine entrait en récession. The Company Men raconte cette Amérique qui voit son rêve et sa confiance absolue dans son système lui échapper. Il raconte l’année 2010 où le taux de chômage a atteint le chiffre symbolique de 10%, chose qui n’était pas arrivée au pays de l’Oncle Sam depuis les années 30. Selon Ben Affleck en personne, « l’Amérique est fondée sur ce principe voulant que si vous travaillez dur et si vous respectez les règles, vous arriverez dans la vie et grimperez l’échelle sociale. L’idée qu’un jour vous puissiez retomber, redescendre l’échelle, peut être terriblement embarrassante »

Comment alors, rendre compte de cette situation durable qu’est le chômage aux Etats-Unis ? Prenez un jeune cadre bien rasé, jeune et ambitieux, avec une Porsche neuve, une belle maison, une montre attrayante et un costume à 2000 dollars pièce qu’il enfile après un parcours  de golf à 18 trous. Tout y est. Maintenant, virez-le. L’image est avant tout symbolique. Celle d’un rêve américain enfoui dans l’argent et la réussite sociale qui se retrouve confronté à une réalité économique. Une récession économique de 19 mois consécutifs. Comme si tout pouvait être réglé par une simple cellule psychologique, processus employé aujourd’hui pour tout et n’importe quoi, la scène où des demandeurs d’emplois essaient de se redonner du courage en lançant des phrases toutes faites est criante d’absurdité.

Tommy Lee Jones, Chris Cooper, Kevin Costner et Ben Aflleck forment le quatuor de choc oscarisé de ce scénario. Pensé par John Wells au début des années 90, mais jamais réalisé jusque là, l’histoire de The Company Men est une fiction post-traumatique. À l’image des films sur le Vietnam ou sur le 11 septembre qui tous ont été réalisés pour comprendre et raconter un évènement particulier de l’histoire des Etats-Unis, The Company Men n’échappe pas à la règle sans pour autant tomber dans un phatos larmoyant qu’on aurait pu craindre. Les acteurs y sont solides, Tommy Lee Jones en tête, fidèle à lui même. Il est étonnant que le personnage de Bobby Walker représente à lui seul toute la carrière du comédien Ben Affleck : des rôles de gendre parfait (Armageddon, Pearl Harbor) à celui d’homme en marge de la société (Will Hunting, The Town) Bobby Walker, habitant de Boston (The Town, Gone Baby Gone), en est la synthèse.

Il fallait se douter que la conclusion du film démontrerait un optimisme sans faille dans la capacité de l’Amérique à se renouveler. Mais au delà de cette prévisibilité, l’ensemble des acteurs, un scénario qui ne tombe pas dans les limbes de l’émotion, ainsi qu’une photographie de Roger Deakins magistrale, font de cette fiction un film à aller voir. Pas de leçons de morales, juste un fort ressentiment à l’égard d’un capitalisme financier virtuel dont les objectifs vont parfois à l’encontre de vies bien réelles.


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