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Trauermusik par JL Bach : belle ampleur

Publié le 30 mars 2011 par Philippe Delaide

Hans-Christoph Radermann a enregistré pour Harmonia Mundi la Trauermusik de Johann Ludwig Bach, à la tête de l'orchestre Akademie für Alte Musik de Berlin et du RIAS Kammerchor.

Cette pièce singulière peut être considérée comme le chef d'œuvre de JL Bach. Ce compositeur a exercé un influence certaine sur son deuxième cousin, Johann Sebastian Bach, notamment dans la composition des cantates.

JL Bach Trauermusik
La Trauermusik, avec son double choeur, dispose d'une belle ampleur, évoquant plus les futures cantates chorales ou les messes du Cantor. Elle est construite en trois parties distinctes : la première, décrivant la vie humaine comme le lieu d'emprisonnement de l'âme, la seconde, relatant l'ascension jusqu'à la félicité des cieux, avec, notamment, une belle évocation de la Jérusalem céleste, la troisième et dernière, étant axée sur la grâce de l'âme, élevée au ciel.

Cette pièce sacrée étonne par sa structure assez particulière. Non sans une certaine ambivalence, elle associe une indéniable théâtralité avec des moments de recueillement et de grâce, dignes des plus belles cantates de JS Bach (ex : le chœur Herr Jesus Christ, wahr'r Mensch und Gott et le Wie du hast zugesaget mir de la seconde partie). Le rôle des choeurs est particulièrement important. Ces derniers partent parfois dans un mode quasi-concertant avec les voix solistes.

La façon dont les chœurs et les voix solistes alternent pour soutenir le déroulement narratif rappelle parfois les drames lyriques de Gluck (ex : le tutti O Herr, ich bin dein Knecht d'introduction de la première partie, qui enchaîne ensuite avec une aria pour choeur en fugue). Certains airs sortent complètement de la structure rhétorique de la musique du XVIIIème siècle comme l'obsédant Meine Band sind zurissen qui conclut la première partie avec sa rythmique presque madrigalesque.

On notera comment, avec une réelle subtilité, les compositeur donne progressivement de l'ampleur à la composition au fil des trois parties. D'entité accompagnatrice et dialoguante avec les voix sur la première et la seconde partie, le chœur gagne en ampleur et occupe complètement l'espace sonore à coup de soutien par les timbales et les trompettes.

Cette œuvre est particulièrement originale et inclassable. Elle effectue en quelque sorte une synthèse en entre la forme cantate chorale et les messes, voire certains oratorios.

La lecture de Hans-Christoph Radermann est alerte, avec une verve certaine mais sans agressivité. Le tempo n'est jamais accéléré inutilement et l'orchestre Akademie für Alte Musik de Berlin sonne particulièrement bien. Le RIAS Kammerchor, comme à son habitude, est parfait. Le quatuor de voix solistes est tout à fait correct même si l'on sent que la virtuosité de certains passages les sollicite un peu "aux limites". La qualité de l'enregistrement est excellente. Bel enregistrement intéressant à découvrir.

Johann Ludwig Bach - Trauermusik - orchestre Akademie für Alte Musik de Berlin - Direction, Hans-Christoph Radermannet - Anna Prohaska (soprano), Ivonne Fuchs (alto), Maximilan Schmitt (ténor), Andreas Wolf (basse) - RIAS Kammerchor - label Harmonia Mundi.

Extrait : Prima Pars - "O Herr, ich bin dein Knecht".


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