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Street marketing : Le cas Santaki

Par Gangoueus @lareus
Je suis un peu à la bourre au moment où j’aimerai évoquer une rencontre que j’ai faite au salon du livre. Ben, oui deux semaines déjà, je suis un peu lent à la gâchette. Et pour être précis, c’est devant le salon du livre, le samedi 18 mars 2011, que je me suis fait harponner par un jeune banlieusard distribuant des prospectus. Le temps de jeter un coup d’œil, un peu harassé par mon après-midi à sillonner ce salon dans tous les sens, déjà en phase digestion des différentes rencontres passionnantes ou pas, la musique rap que distillait un van noir a attiré. « Devant le van, c’est l’écrivain » me dit le distributeur de prospectus avant de poursuivre son prosélytisme forcené.
Street marketing : Le cas Santaki
Le prospectus faisait la promotion d’un nouveau polar « made in 93 ». Les anges s'habillent en caillera. Rachid Santaki, l’auteur se remettait à peine d’un échange avec Dominique Manotti, référence absolue dans le monde du polar français, qui avait eu le plaisir de lire son bouquin et en disait du bien. S'ensuit quelques coups de fil du type « Bon sang, tu n’imagines avec qui je viens de causer… ». L’homme est sympathique et prend le temps de m’expliquer le principe de sa promotion à l’orée du salon. « Street marketing ». Affichage sauvage, poching. Voilà plusieurs mois qu’avec une petite équipe, Rachid Santaki écume les rues de la Seine-Saint-Denis pour faire la promotion de son polar, « les anges se réveillent en caillera ». A la manière des groupes de rap, Rachid a fait un affichage de masse digne d’un politicien en campagne, du taguage effaçable sur les trottoirs en sortie de métro, et il a sillonné les quartiers avec son van aux couleurs de son roman pour toucher sa cible. A savoir, les jeunes dont son roman s’inspire.
En se positionnant à la sortie du salon du livre, Santaki s’inscrit dans cette démarche marginale et originale. 6000 exemplaires vendus déjà. On approche des meilleurs scores de la collection Continents noirs de Gallimard. Je ne peux pas juger de la qualité du texte. Je ne l’ai pas lu, mais je tenais à saluer la symbolique de la démarche militante de cet auteur qui loin de pleurnicher sur un public ou d'hurler aux loups sur la fermeture supposée de l'univers germano-pratin à son travail, Rachid Santaki part à la conquête d’un nouveau lectorat, lui proposant une alternative aux textes de rappeurs de plus en plus monotones et en manquent d’inspiration sur le discours à construire sur un quotidien qui se détériore.
Street marketing : Le cas Santaki
C’est une approche très coûteuse en temps, en énergie, en finances, en pédagogie mais elle peut s’avérer payante sur le long terme. Belle approche, bonne mentalité, ce mec m’a bluffé en sortant de mon salon du livre. Il valait bien un article en marge du salon.
Je vous propose, en attendant de lire moi-même son roman, quelques extraits du roman sous forme de courts-métrages : Le marseillais dans une cave, Elvira, La gifle.  
L'auteur s'exprime également sur France Info.

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