Fabien nu devant elle, face à elle, la regarde sans rien dire, ce sont ses yeux qui disent. La bienveillance, le jeu, la gratitude. Toutes les versions de l'amour. Le leur, celui d'une mère pour son bébé, de deux gosses qui jouent ensemble, celui d'un maître pour son chien, et elle reçoit tous ces amours, toutes ces versions de l'amour, et elle se sent immense. Elle comprend que ça circule, il faut dire, répéter, que ça circule, l'amour. La bienveillance, le jeu, la gratitude passent dans toutes les parties du corps, et puis d'un corps à un autre, et puis des corps au décor, à ce décor tout blanc autour d'eux. Elle comprend qu'ils ne mourront plus, que leur désir les a rendus éternels, conduits au paradis, où l'on se touche, se caresse, se pénètre. Sa main s'élève lentement et se pose sur le ventre de...
Il y a quelques temps, j'avouais que de temps en temps, j'aimais beaucoup me plonger dans des lectures légères et roses comme le bonheur. Cette confession n'est pas passée inaperçu auprès de Solène, des éditions du Cherche-Midi, qui m'a proposé de m'envoyer ce roman. Et ça tombait plutôt bien, car justement, en ce moment, j'ai bien besoin de légèreté pour contrebalancer certaines choses assez pesantes, et je l'ai dévoré.
Agnès, traductrice de romans sentimentaux, fantasme depuis plusieurs mois sur Fabien, joueur de rugby de son état, après l'avoir vu vêtu de peu dans les pages d'un fameux calendrier (que je ne possède pas et n'ai donc pas pu faire figurer sur la photo). Mais ce n'est qu'un fantasme, bien sûr. Mais lorsque sa dernière conquête en date lui assène brutalement qu'il la quitte parce qu'il n'est pas amoureux, Agnès se pose des questions sur sa vie amoureuse. Au cours d'une soirée chez son éditrice, le destin met sur sa route une vieille dame pleine de sagesse, qui lui explique que les rêves sont faits pour être vécus, et qu'il faut les prendre au sérieux (c'était l'objet de ma citation de l'autre jour). Alors, Agnès se jette à l'eau, grimpe dans sa voiture, branche le GPS et part rejoindre Fabien. Direction l'Auvergne, Aurillac plus précisément...
J'ai vraiment adoré ce roman. Et pas seulement parce qu'à vrai dire l'héroïne me ressemble trait pour trait. Qu'on ne s'y trompe pas : ce n'est pas de la chick-litt, ou en tout cas ça ne l'est qu'en apparence, car Stéphane Carlier possède à la perfection les codes du genre et joue avec de manière magistrale, ce qui donne un roman à la fois drôle (certaines scènes m'ont réellement fait éclater de rire) et profond, qui suscite une véritable réflexion. Car ce qui est en jeu ici, c'est le rêve, le fantasme, et la manière dont nous nous situons par rapport à ceux qui nous habitent. Que sommes-nous prêts à risquer pour réaliser nos rêves ? La plupart des gens répondra "rien, ce ne sont que des rêves". Agnès, elle, hésite un peu, et puis tente le tout pour le tout. Il faut en avoir, quand même, pour quitter comme ça Paris sur un coup de tête, rouler toute la nuit pour atterrir en Auvergne (en Auvergne, franchement ! ), à la poursuite d'un homme qu'elle a seulement vu en photo mais dont elle est intimement persuadée qu'il est l'homme de sa vie. Moi, vraiment, ça me parle, et ce roman m'a vraiment redonné un coup de fouet, ce qui n'était pas du luxe !
Merci donc à Solène des éditions
, qui a vraiment fait mouche ! Je vous encourage également à aller jeter un oeil au site de l'auteur, Stéphane Carlier !Grand Amour
Stéphane CARLIER
Le Cherche-Midi, 2011 (sortie le 14 avril)
Catégorie "histoire d'amour qui finit bien"