Frères du bled, au théâtre !

Alors que Jean-François Copé tente de convaincre une France déjà apeurée par l'étranger, par la crise et par le nucléaire, de l'imminence de l'invasion arabo-musulmane et de l'indispensable besoin de se protéger, une belle pièce de théâtre revisite la guerre d'algérie par l'angle des petites gens qui ont vu leurs petites vies se jouer devant la grande histoire.

Ca se passe au Vingtième Théâtre. La pièce est portée par une belle équipe que j'ai eu le plaisir de croiser à la sortie. Elle part de la célébration de la Toussaint dans une famille pas tout fait françise, pas complètement malheureuse, pas si unie. Deux garçons et une fille composent cette famille avec la mère. Le père s'est suicidé quelques temps au par avant. On comprend vite qu'il est rentré d'Algérie sans jamais en être vraiment revenu. Le face à face qui se joue entre les frères, puis avec la mère et la fille est à l'image de la guerre d'Algérie, passionnel, sournois, incessant, grandissant, sorte d'histoires dont toutes les issues sont aussi mauvaises les unes que les autres. La guerre d'Algérie aura été peut-être une des guerres les plus romantiques, si l'on peut ôser le concept !

Les acteurs sont fins, servent l'histoire du siècle en la diluant toujours dans leur histoire à eux. Car, et c'est la une des leçons de la pièce, la vie des gens prime sur les défis de l'histoire et ses revirements. Les pays se dressent, se composent et changent de main, mais les romans retiennent davantage les passions qui se déchaienent, les amous nées et les occasions perdues.

Le texte est de Christophe Botti, mis en scène par Thierry Harcourt. Mentions particulière dans la distribution à la délicieuse Déborah Grall (petite fille de Philippe Noiret) et surtout à Issame Chayle, protégé de Marc Touta à qui je dois cette rencontre et cette découverte. Allez voir cette page d'histoire servie par amour d'une femme et d'un homme, d'une terre et d'un idéal, ou plutôt de plusieurs idéaux car c'est la un des enseignements de l'histoire...