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Arthur Frayer : récit d'un journaliste-maton

Par Benard

04/04/2011

Pour écrire cette enquête,  Dans la peau d’un maton, le jeune journaliste Arthur Frayer a passé le concours pour être gardien de prison, le temps de quelques mois d’immersion totale.

Comme beaucoup de jeunes journalistes diplômés, Arthur Frayer fait ses armes dans un grand quotidien régional. Il officie à Fontenay-le-Comte, en Vendée, où il couvre les fêtes de village, les chiens écrasés, les accidents de la route… La ville lui semble tranquille, et son métier implacablement pépère, jusqu’à ce qu’il découvre que Fontenay-le-Comte est une des prisons les plus surpeuplées de France. En voilà un sujet ! Il le propose à son rédacteur en chef, qui lui oppose un « non » définitif : « Le directeur de la prison ne parlera pas, ni personne de l’Administration. »

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Arthur Frayer a perdu une bataille, mais pas la guerre. S’il ne peut pas entrer en prison avec sa carte de presse, il y entrera par la ruse. Il passera le concours de l’ENAP (Ecole Nationale de l'Administration Pénitentiaire), afin de devenir maton. L’énergie, le courage, de ce journaliste pour entrer en prison, et y rester plusieurs mois, la bouche cousue – personne ne doit connaître son dessein – et les yeux grand ouverts, sont bluffants.
Première étape, le concours. Le jeune diplômé doit montrer patte blanche, et maquiller son CV, pour se transformer en une victime de la précarité. Il prépare à l’avance sa réponse à une question qu’on lui posera des dizaines de fois : pourquoi un type surdiplômé comme lui deviendrait gardien de prison ?
Son concours en poche, Arthur Frayer entre en stage à Fleury-Mérogis. Un certain Richard se charge de former les recrues. Il les prévient pour la misère, la violence, qu’ils vont prendre en « pleine gueule », pour les « tarés » avec qui ils vont devoir traiter. A « l’intérieur », existent tout un tas de règles qu’il faut respecter. Entre eux, les surveillants ne peuvent pas s’appeler par leurs prénoms, question de prudence : les détenus doivent en savoir le moins possible sur leur compte. Le vouvoiement est de rigueur, et l’ignorance, nécessaire : « Je vous déconseille d’aller voir ce qu’ont fait les détenus pour être condamnés (…) Vous n’êtes pas là pour les juger une deuxième fois », explique Richard.
Arthur Frayer, qui pénétrera les murs des prisons de Fleury, Châteaudun, Orléans, décrit ses journées. Les odeurs, le SIDA, la folie, l’impression d’être un témoin impudique, les bastons. La peur, celle du maton, qui craint de se faire « planter » par un détenu, et celle de l’auteur, qui redoute d’être démasqué dans un milieu où l’on déteste les médias, et l’image, forcément schématique – rares sont les journalistes qui y ont passé des mois comme Arthur Frayer - qu’ils se font de la prison.
Dans ce livre, on s’aperçoit que les matons aussi sont prisonniers, prisonniers d’une fonction pleine de paradoxes, et où la transgression est souvent le seul moyen de voir l’ordre respecté.

Astrid Gagneur

Source :  http://www.myboox.fr/actualite/arthur-frayer-recit-d-un-journaliste-maton-6415.html


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