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LA COLLINE A DES YEUX (The hills have eyes) d’Alexandre Aja (2006)

Publié le 05 avril 2011 par Celine_diane

LA COLLINE A DES YEUX (The hills have eyes) d’Alexandre Aja (2006)
Lorsqu’il signe Haute Tension, film de genre impitoyable et sanguinaire, Aja – alors à peine âgé de 25 ans- frappe fort. Tellement, que le voilà courtisé par le tout Hollywood. Il se voit alors confié le remake d’un temps fort de la carrière de Wes Craven : La Colline a des Yeux (1977). En y insufflant modernité et background politique, le frenchie signe bel et bien un des films d’horreurs les plus traumatisants de ces dix dernières années. Avec, pour commencer, ce cliché de la famille américaine- canonisée pour mieux être brutalisée par la suite : le couple, leurs deux chiens, leurs trois enfants, le mari de l’une des filles, et le bébé. Ils sont les produits de la belle Amérique, celle du succès et du conformisme, solide dans son respect des valeurs familiales et chrétiennes. Une prière plus tard, tout ce beau monde (Emilie De Ravin et Vinessa Shaw en tête de liste) est pris d’assaut par des créatures semblant tout droit venus des Enfers, un peuple de mutants victimes des essais nucléaires du pays, prêts à se venger et à taper dur sur les symboles de leurs bourreaux. L’envers des figures WASP républicaines, les produits dégénérés et cradingues d’une toute autre Amérique. Attention, choc.
Dans le désert, l’horreur peut commencer. Dès l’attaque de la caravane- en plus d’imposer un style visuel remarquable- Aja déverse une violence barbare, insoutenable, sauvage. Il vient dynamiter le cocon familial, agresser les emblèmes américains, et, bien planqué derrière un apparent survival, il pose dos à dos les deux visages d’un même pays, offre un face à face difficilement supportable mais diablement féroce, d’une puissance émotionnelle rarement atteinte dans le genre. Une cruauté jamais gratuite, mise au service d’une dénonciation politique, les barbaries commises par les mutants apparaissant comme la réponse, la punition, à l’individualisme, au consumérisme, au passé d’une Amérique qui a abandonné une partie de son peuple, et récolte sa révolte. Le film crache ainsi au visage de la propreté US, de ses figures virginales à ses racines belliqueuses (la plus jeune sera atrocement violée, la jeune mère de famille sacrifiée, le républicain amateur d’armes brûlé), et livre un spectacle de l’horreur, intense et carnassier. Le final, anti manichéen, osé, furieusement cathartique, pousse le bouchon encore plus loin, obligeant le démocrate pacifique à prendre les armes. L’illustration parfaitement terrible d’un œil pour œil, dent pour dent terrifiant, aux allures de cercle vicieux.
LA COLLINE A DES YEUX (The hills have eyes) d’Alexandre Aja (2006)


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