Sa plus grande fille vient à peine d'accoucher d'un joli bébé. Elle est désormais grand-mère, à Paris. De temps en temps, la communication passe. Alors tremblante, elle appelle ses 4 enfants en Côte d'Ivoire avec son petit portable Nokia blanc. Quand ils ne décrochent pas, elle ne vit plus, et quand ils décrochent, leurs paroles la font chavirer de peur. Car loin d'eux, elle ne peut rien faire. Depuis les élections, il vivent entre la ville et leur village natal. A la ville quand ça se calme, au village quand ça devient très dangereux. Mais depuis 4 jours, ils se sont fait piéger en ville. Par peur, par précaution, ils ne sortent plus. "Ceux qui sortent sont comme morts Maman" lui disent-ils. "Il ne nous reste qu'un grand sac de riz, Maman". Western Union c'est bien, mais quand on est terré chez soi, ça ne sert à rien. Elle aura tout essayé pour les faire rester au village natal, chez sa mère à elle. "La bas au moins, il y a du riz, du manioc et des bananes, et puis ils auraient été en sécurité ! Mais ces enfants sont têtus !" me dit elle ! Et maintenant cela fait 4 jours qu'ils sont barricadés à la ville. "
Puis en levant la tête au ciel, elle murmure : "Je n'en peux plus ! entre Gbagbo et Ouattara, je m'en fous désormais .... mais qu'ils arrêtent tous de tuer !"
photo morguefile.