
De fait, malgré les deux pages de préambule sur les croisades, cet album, un brin fantastique, ne s’attache pas à narrer un fait historique précis, modifiant d’ailleurs les noms de Jérusalem (Hiérus Halem), du Christ (X3), de Mahomet (Mamudi) ou du Sultan Aladin (Ab’dul Razim). Cela aide à le transposer.
Vers la fin du XIIème siècle, en Terre-sainte, 15.000 croisés réunis autour d’un chef usé Grégoire d’Arcos et excités par le bouillonnant et orgueilleux Robert, Duc de Tarente, s’apprêtent à affronter les troupes d’Ab’dul Razim pour reprendre le contrôle de Hiérus Halem. La voix de la prudence de Gaulthier, gendre de Grégoire, ne pèse rien dans la décision.

Jean Dufaux offre plusieurs niveaux de lecture. Au premier regard, son intrigue apparaît classique mêlant jeux de pouvoirs, grandes ambitions et beaux sentiments. Mais en s’y plongeant davantage, le lecteur s’interroge au moins sur le sens vain des guerres au nom de Dieu. Le récit est particulièrement mis en valeur par le dessinateur Philippe Xavier qui s’éclate littéralement, offrant une vision tant chevaleresque que fantastique, tant réaliste que de contes des mille et une nuits. La bataille qui s’ouvre sur 4 planches juxtaposées vaut à elle seule le détour. Cette atmosphère à la fois magique et mystérieuse est aussi l’œuvre du remarquable coloriste qu’est Jean-Jacques Chagnaud.
Un album décoiffant à découvrir absolument dans ses différentes versions. Le site de la série présente la vidéo que j'avais publiée en décembre dernier.