CHŒUR DES NUAGES
NOUS SOMMES PLEINS DE SOUPIRS, pleins de regards,
Nous sommes pleins de rires
Et parfois portons vos visages.
Nous ne vous sommes pas étrangers.
Qui sait combien de votre sang monta
Et nous déposa son éclat ?
Qui sait combien de larmes par nos pleurs
Vous avez versées ? Combien de nostalgie nous forma ?
Nous sommes des joueurs de mort.
Vous accoutumons doucement à la mort
Vous si peu entraînés et qui dans les nuits n’apprenez rien.
Beaucoup d’anges vous sont donnés
Mais vous ne les voyez pas
CHOR DER WOLKEN
Wir sind voller Seufzer, voller Blicke
Wir sind voller Lachen
Und zuweilen tragen wir eure Gesichter.
Wir sind euch nicht fern.
Wer weiß, wieviel Tränen ihr durch unser Weinen
vergossen habt? Wieviel Sehnsucht uns formte?
Sterbespieler sind wir
Gewöhnen euch sanft an den Tod.
Ihr Ungeübten, die in den Nächten nichts lernen.
Viele Engel sind euch gegeben
Aber ihr seht sie nicht.
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CHŒUR DES ARBRES
Ô VOUS TOUS, LES BANNIS du monde !
Notre langue est mêlée de sources et d’étoiles
Comme la vôtre.
Vos lettres sont notre chair.
Nous les migrants vers les hauteurs
Nous vous reconnaissons –
Ô vous les bannis du monde !
Aujourd’hui l’humaine biche fut pendue à nos branches
Hier dans la clairière le chevreuil laissa l’éclat des roses à l’entour de notre souche.
L’ultime peur de vos pas s’éteint dans notre paix
Nous sommes la grande aiguille des ombres
Que fait tourner le chant des oiseaux –
Ô vous tous les bannis du monde !
Nous pointons vers un secret
Qui commence avec la nuit
Nelly Sachs, Éclipse d’étoile, traduction de l’allemand et postface de Mireille Gansel, Verdier, 1999, pp. 60 et 61
(attention, cette édition n’est pas bilingue – pour le deuxième poème, version originale non trouvée)
Nelly Sachs dans Poezibao :
Note bio-bibliographique,
extrait 1, Dans le crépuscule du matin
extrait 2, Si loin dans le sommeil
extrait 3, Traverser la mort comme l’oiseau traverse l’air
extrait 4, Déshérence, peau
extrait 5, chaque jour s’approcher d’un pas
extrait 6, peuples de la terre, vous qui avez la force des astres inconnus
extrait 7, Chœur des choses abandonnées
extrait 9 (correspondance avec Paul Celan)
rencontre autour de Nelly Sachs
un entretien épistolaire avec Lionel Richard (1968),
extrait 10, et tu as traversé la mort / comme en la neige l’oiseau
extrait 11
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