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Daniel Maximin: «Haïr, c’est encore dépendre»

Par Benard

Par Marianne Payot (L'Express), publié le 07/05/2009

Alors que l'on commémore l'abolition de l'esclavage, l'écrivain guadeloupéen a rassemblé Cent Poèmes d'Aimé Césaire, des inédits visionnaires de sa femme, Suzanne, et publie son propre recueil de poésie. Il raconte sa fraternité avec ses grands aînés et se fait l'écho du «peuple roseau» antillais.

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Daniel Maximin - Chants de résistance

Pourquoi est-ce vous, l'écrivain poète guadeloupéen, qui coordonnez l'édition des poèmes d'Aimé Césaire le Martiniquais?
C'est une vieille histoire. En 1967, au sortir du lycée, j'étudiais à la Sorbonne les littératures comparées du monde et, tout naturellement, après les cours, je filais vers ce que nous appelions la «Sorbonne du tiers-monde»: la librairie Présence africaine, sise 25 bis, rue des Ecoles. On y était merveilleusement accueilli par Césaire, Senghor, Damas… Ils nous demandaient: «Racontez-nous vos désirs, vos espérances, montrez-nous ce que vous avez écrit et lisez», alors que nous, nous venions voir les grands. «Il n'y a pas d'aînés, il y a des frères», nous expliquaient-ils. C'est comme cela que s'est créée une espèce de fraternité avec l'homme, diablement enthousiaste, du Cahier d'un retour au pays natal, avec Senghor le Sénégalais, plus cool, plus calme, avec l'anthropologue Cheikh Anta Diop et ses idées extraordinaires sur le passé de l'Afrique, ou encore avec Léon-Gontran Damas, le grand médiateur guyanais, chez qui, par exemple, je suis allé lire les revues culturelles du monde noir (Tropiques, Légitime défense) pour préparer ma maîtrise sous l'égide d'Etiemble. C'était complètement fou, une véritable école de liberté individuelle, sans aucun paternalisme. Plus tard, j'exhortais Césaire, qui n'avait rien publié depuis Cadastre et Ferrements en 1960-1961, à éditer ses poèmes épars - il était plutôt désordonné, ses poèmes traînaient dans des chemises. Un jour, il m'a dit: «Bon, écoute, si tu veux le faire, occupe-t'en.» C'est comme cela qu'en 1982 est né Moi, laminaire. Je collectais, sa fille Ina tapait, et on portait le tout au Seuil. C'est d'ailleurs le premier poème de ce recueil, Calendrier lagunaire, qu'il a choisi trois mois avant sa mort comme épigraphe sur sa tombe.

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