L’enfer… en pire

 

L’immense réalisateur Sidney Lumet est mort samedi 9 avril à l’âge de 86 ans. Retour sur l’un de ses innombrables chefs d’œuvres : La colline des hommes perdus

Le charme, l’humour et l’impertinence de Sean Connery sont mythiques. Et ont rendu son interprétation de James Bond incontournable. Pour le découvrir dans un rôle plus sombre et composé, il est quasi indispensable de voir La colline des hommes perdus (The Hill), de Sidney Lumet.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée britannique dispose d’un camp disciplinaire en Libye. Joe Roberts (Sean Connery) y atterrit pour avoir refusé d’obéir à un ordre : mener ses hommes dans une embuscade. Sa punition : un séjour dans cette geôle africaine, tenue par un sergent-major ultra rigoriste. Aucentre de la prison se trouve une colline de sable, construite jour après jour par les prisonniers. Sous un soleil brûlant, ils font l’ascension, dans une indescriptible souffrance, de ce mont artificiel symbole de leur désobéissance. Lumet y dépeint une armée aussi stupide que cruelle. Et ce, à tous les grades.

Le sadisme d’un sergent-major fait office de voyage dans les strates les plus abjectes de l’âme humaine, sans jamais sombrer dans le pathos. Le scénario fait grimper la pression peu à peu, jusqu’au dénouement explosif, qui laisse le spectateur abasourdi. Aucun plan n’est accompagné d’une bande-son. La part belle est laissée au bruit quotidien du centre de redressement.

Cette œuvre, d’une rare intensité, n’a rien en commun avec les films militaires habituels. Et c’est sans doute pour ça qu’il a aussi bien vieilli. En prime : un bon taux de testostérone pour les garçons et de quoi se rincer l’œil sur Sean, pour les filles. Ce qui ne gâche rien.

Bénédicte Crabouillet

La colline des hommes perdus, Sydney Lumet (1965), avec Sean Connery, Harry Andrews, Ian Bannen, adaptation d’une pièce de théâtre de Ray Rigby et R.S. Allen