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Mi figue, mi raisin, l'Union Européenne allège et maintient tout à la fois les sanctions contre la Birmanie.

Publié le 13 avril 2011 par Pierremartial
Lors d'une réunion à Luxembourg, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé de maintenir pour un an les sanctions contre la Birmanie tout en les allégeant. Objectif: contraindre le nouveau gouvernement birman à dialoguer avec Aung San Suu Kyi, l'opposition démocrate et les différentes ethnies pour le développement de la démocratie et le renouveau économique du pays. Mi figue, mi raisin, l'Union Européenne allège et maintient tout à la fois  les sanctions contre la Birmanie. C'est la première fois depuis la mise en place des sanctions contre la Birmanie en 1996 que celles-ci ne sont pas renforcées mais au contraire allégées.

“Nous avons pris acte des changements qu'il y a eu récemment en Birmanie au niveau du gouvernement et nous allons maintenant juger ce nouveau gouvernement sur ses actes, a déclaré David Lipman, ambassadeur de l'Union Européenne auprès de la Birmanie.

Au niveau économique, rien ne change pour le moment et les diverses interdictions en matière d'investissement ou d'importations européennes d'armes, de bois, métaux, minerais et pierres précieuses sont maintenues.

Par contre, de nombreux gels d'avoirs sont suspendus et les interdictions de visas des membres civils du gouvernement, dont le ministre des affaires étrangères Wunna Maung Lwin, sont levées.

Pour ou contre le maintien des sanctions? Mi figue, mi raisin, l'Union Européenne allège et maintient tout à la fois  les sanctions contre la Birmanie. Les sanctions économiques et le quasi embargo contre la Birmanie mis en place par les Etats-Unis et l'Union Européenne depuis près de 20 ans dans le but d'obliger la junte militaire à évoluer vers une démocratisation du pays et un respect des droits de l'homme ont-elles été utiles?

Non, répondent les anti-sanctions en rappelant que ces mesures ont été totalement inefficaces pour faire libérer Aung San Suu Kyi qui a a passé le tiers de sa vie en prison ou en liberté surveillée, qu'elles n'ont pas empêché la junte de réprimer brutalement tous ses opposants et que le pays est non seulement de plus en plus pauvre mais que, victime de l'isolement forcé, il a insensiblement glissé sous domination chinoise.

Oui, elles sont indispensables, affirment, quant à eux, les pro-sanctions pour lesquels elles sont à la fois le seul moyen de coercécition que l'Occident ait sur le régime, un puissant outil de dénonciation de la dictature face au monde et une nécessité coercistive afin de ne pas enrichir plus largement les dirigeants birmans. Bien utilisées, ajoutent-ils, elles peuvent devenir un outil pour forcer le régime à se démocratiser.
Qu'en pense Aung San Suu Kyi ? Mi figue, mi raisin, l'Union Européenne allège et maintient tout à la fois  les sanctions contre la Birmanie. La Dame de Rangoun l'a rappelé à plusieurs reprises : ce n'est ni elle, ni son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie qui ont été à l'origine de la demande de mise en place de sanctions contre la Birmanie. Ce sont les Etats-Unis, l'Union européenne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Australie.

La LND ne pense pas, à priori, que la situation économique désastreuse du pays soit dûe aux sanctions occidentales mais plutôt à sa gouvernance erratique. N'ayant toutefois pas les moyens de mener une enquête socio-économique globale, elle appelle à "une analyse des effets des sanctions, menée par une équipe de professionnels respectés”.

Aung San Suu Kyi et la LND appellent également, dans leur résolution daté du 3 janvier 2011 et intitulé "analyse sur l'économie birmane” (en ligne sur leur site internet www.nldburma.org), à des discussions avec les pays occidentaux "dans le but de trouver un accord sur quand, comment et dans quelles circonstances les sanctions pourraient être levées dans l'intérêt de la démocratie, des droits de l'homme et du développement économique”

Avec un préalable non négociable: la libération des 2000 prisonniers d'opinion birman, dont de nombreux membres de la LND condamnés à des peines souvent hallucinantes ) et purgeant leur peine dans des conditions scandaleuses (cf rapport de l'AAPP

L'Union Européenne et “la Voie du Milieu” Après avoir rencontré Aung San Suu Kyi et plusieurs dirigeants démocrates à Rangoun en mars dernier, pris connaissances de nombreux rapports aussi documentés les uns que les autres mais aux conclusions diamétralement opposées et entendu les lobbystes des deux camps, l'Union européenne, très bouddhiste sur ce coup-là, a choisi “la Voie du Milieu”: alléger et maintenir les sanctions.

Son programme pour les prochains mois? Multiplier les rencontres de haut niveau avec les dirigeants birmans (d'où la levée, entre autres, des interdictions de visas) et pression afin que le nouveau gouvernement ouvre un véritable dialogue avec Aung san Suu Kyi, les démocrates birmans et les minorités éthniques et s'engage dans une “transition pacifique vers la démocratie, le respect des droits de l'homme et la libération de toutes les personnes détenues pour leurs convictions politiques“

Le message européen ne serait être plus clair pour le nouveau gouvernement birman: plus vous avancerez vers une véritable démocratie et un respect des Droits de l'Homme et plus nous “allégerons” les sanctions!



www.AungSanSuKyi.fr, le site français d'information et de soutien à Aung San Suu Kyi, édité par le Collectif France Aung San Suu Kyi

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