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UN POISON VIOLENT de Katell Quillévéré (2010)

Par Celine_diane

UN POISON VIOLENT de Katell Quillévéré (2010)
Katell Quillévéré frappe fort pour un premier long métrage, du haut de ses 29 ans, filmant la rébellion psychologique de plusieurs personnages, en pleine crise de foi. Celle d’Anna (Clara Augarde, 15 ans, déjà grande) notamment, adolescente troublée et troublante, perdue dans la campagne du Finistère, dont le passage du monde clos de l’enfance à celui, sexué, de l’adolescence effraie sa mère catho (Lio, d’une belle sobriété). La réalisatrice croque un portrait sensible et soigné d’une communauté très pieuse et dénonce la rigidité d’une éducation étouffante. Sa caméra, en épousant pleinement le point de vue de la petite Anna, offre du malaise et de la réflexion : le sexe y est menace, coupable, inquiet. Cette confusion, dans l’air, remplit l’œuvre d’une aura anxiogène, et rappelle les chaînes (physiques, psychologiques) d’une jeune fille emprisonnée dans son environnement : sur une même scène, la cinéaste offre deux regards. Celui d’Anna, détraqué. Le nôtre, extérieur.
Une conjugaison d’angles qui insuffle au film ses plus belles notes- de gêne et de vertige- se jouant de ces diverses perceptions. Ainsi, le prêtre (Stefano Cassetti) apparaît-il comme suspect, à l’ombre des a priori sur l’Eglise- le grand-père (Galabru) comme une figure un peu dégueulasse, si l’on s’en tient à la surface. Katell Quillévéré creuse l’étude de ses protagonistes, s’aventurant sur un terrain épineux où grouillent derrière un calme apparent, les monstres attendus du contexte : pédophilie, inceste, viol. In fine, elle dénonce- avec justesse- les discours culpabilisants et fermés qui entraînent à cet exact état de peur permanent. La découverte sexuelle de son adolescente n’a rien de mal, de sale, de blasphématoire. Au contraire, dit-elle, dans l’exploration même de ces nouveaux émois et de sa chair, dans sa confrontation avec la maladie, la mort, l’explosion du mariage de ses parents : elle se libère de ses entraves religieuses, et de la déformation qu'entraîne le regard adulte- plus grande, plus belle, plus heureuse. Prête à aimer. "Un poison violent, c'est ça l'amour" chantait Gainsbourg.
UN POISON VIOLENT de Katell Quillévéré (2010)


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