Je ne suis pas un grand fervent du printemps.
On dit que c'est la saison des amours et pourtant, c'est aussi la saison des suicides.
Mike Brant, Kurt Cobain, Ian Curtis, Dédé Fortin, David Reimer,Virginia Woolf, Tobi Wong, Assia Wevill, Edwin Valero, Lucy Gordon, David Koresh, et combien d'autres moins connus se sont enlevés la vie dans cette période de fonte des neiges? Et de fonte de la maturité émotive.
J'en apprends toujours un peu plus sur la maturité émotive, année après année.
Je viens de terminer une biographie sur Charles Schulz, auteur de Snoopy, et le pauvre bougre étalait systématiquement toute son immaturité dans ses quatres petites cases hebdomaires. Ses spleens ont plu à tous.
Il était à la fois Charlie Brown, Snoopy,Shroeder et surtout Linus. Ses inquiétudes de l'âge de 12-13 ans lui sont restées toute sa vie et il les as entretenues avec un succès public redoutable mais un échec privé tout aussi attérant.
Dans son mariage, Schulz était terriblement écrasé par la personalité de sa femme (devenue Lucy dans sa bd). Dans sa famille de 5 enfants il ne s'impliquait absolument pas. Zéro discipline. Zéro intervention. De quoi rendre fou. Ce qui arriva. Sa femme est devenue de plus en plus hystérique devant cet homme invisible et mou comme un Charlie Brown se plaignant du manque d'intérêt de la petite fille rousse.
Schulz, fils unique fragilisé par une mère surprotectrice et décédée très tôt dans sa vie, sera resté toute sa vie prisonnier dans cet âge mental de 16-17 ans.
À 65 ans, il se demandait encore si les gens l'aimaient. Lui qui avait su souligner, sans nécessairement faire de gag à chaque 4 carreaux, les soucis de l'américain moyen avec une naiveté, une candeur et une cruauté tout à fait universelle.
J'étais à ruminer tout ça en regardant ma fille avec une de ses amies en train de jouer dans un parc près de chez nous . Un parc où les dimanches sont tout à fait envahis par les arabes. C'est fou vraiment, si je prenais une photo, moi qui vit entre les italiens et les haitiens, une photo du parc tout près de chez nous le dimanche, on ne me croirait pas. On me dirait "Pourquoi cette photo d'un parc de la Jordanie?".
Je trouve ça très beau honnêtement. Jusqu'à ce qu'on me dévisage avec mépris parce que je, un homme, joue avec ma fille et son amie. Je trouve ça beau jusqu'à ce que je vois une famille où le père et la mère s'inquiètent de leur fille qui fait trop de singeries hasardeuses et qui la chicanent, mais qui restent assis et qui crient simplement le nom de leur fils (pourtant plus jeune) qui fait des singeries encore plus dangereuses pour lui et les autres petits amis à ses côtés.
Ça m'énerve finalement.
Ses foulards vraiment, vraiment, vraiment, VRAIMENT partout autour. Miss Arabia partout. Mais justement, Miss Arabia est en visite. Elle ramènera on foulard chez elle à son retour. Je ne pense pas avoir vu autant de femmes avec un foulard sur la tête depuis l'université Et à l'université, je soupçonne que ses femmes sortaient d'un cours de culture arabe ou un cours d'intégration. Pas de mal à ce qu'ils se regroupent. Sous le fleur de lys aussi on se regroupe.
Je me rends compte, en écoutant mon Bowie du printemps, que je suis pleinement américain. J'ai toujours su que j'avais très peu sinon pas du tout de latin en moi, mais mon américanité se développe de plus en plus en vieillissant. Je commence à avoir horreur des foulards. J'ai de plus en plus envie d'affranchir mon américanité. Je me sens sale de réagir ainsi. Et poutant j'ai les cheveux propres.
Mais c'est de bonne guerre, si ces gens portent le foulard c'est aussi pour ne pas renier leur côté arabica.
America
Arabica
Le mot "guerre" devait tomber.
En quittant les lieux avec les deux petites, nous avons été freinés par une voiture dans le stationnement qui circulait de manière erratique. Au volant d'un 4 X 4, une femme arabe(ou pas) avec un foulard sur la tête. Sa voiture était noire et si poussiéreuse que quand elle eût fini par la stationner et qu'elle eût quitté les lieux, je suis allé vers sa voiture et j'ai écrit dans la poussière de sa voiture "Vos cheveux sont beaux aujourd'hui madame" et j'ai signé Ahmil. Tout ça dans la poussière du flanc gauche de sa voiture.
Je ne sais trop pourquoi j'ai signé Ahmil.
Pour foutre la merde dans son couple. Pour que son mari se couche toute les nuits en cherchant c'est qui Ahmil qui a le culot d'aimer les cheveux de son esclave.
Quand je suis revenu dans la voiture, les filles m'ont demandé d'où je revenais.
"Je viens d'aller faire un peu d'américain"
Elles n'ont rien compris.
"Je viens de bombarder le Moyen-Orient" ai-je rajouté.
Elles ont ri sachant que je déconnais.
Le fantastique pet qui a accompagné mes propos a aidé.
Mon immaturité émotive.