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Ich bin ein Berliner

Publié le 14 avril 2011 par Hongkongfoufou

Par Oddjob

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Un dimanche soir de mars 2011.

Après un week-end fade (c’est un doux euphémisme), sans concert (Beady Eye le samedi) ni bourse de bandes dessinées (Ramonville le dimanche), je me plongeais frénétiquement dans la lecture de mon programme télé favori (qui n’est pas Télérama !), à la recherche d’une maigre consolation culturelle, espérant y trouver un bon petit film. Mais il y a belle lurette, malheureusement, que je ne compte plus m’installer devant le (trop) fameux film du dimanche soir, celui qui, il y a quelques temps encore, vous redonnait espoir dans le 7ème Art, celui qui vous faisait oublier la reprise du lundi matin…

Bref, ce soir-là, au milieu de séries américaines sans relief, de films français pathétiques, de magazines d’investigation sans journaliste, j’hésitais entre le western et l’espionnage.

D’un côté, le dernier film tourné par Michaël Curtiz (The Adventures of Robin Hood avec Errol Flynn), The Comancheros avec un John Wayne déjà bien cabot et un Lee Marvin peu convaincant en "outlaw" allié des Comanches : très classique, pas déplaisant, certes, mais pas très emballant pour autant ! Et de l’autre, un "petit" Hitchcock, trop souvent dénigré (l’absence de Bernard Hermann au générique n’y étant pas totalement étrangère, comme me le faisait subtilement remarquer l’ami Goudurix), Torn Curtain (Le Rideau Déchiré), mettant en scène les forts séduisants Paul Newman et Julie Andrews, et surtout une ville, ou plutôt deux… Berlin.

Il n’a échappé à aucun de nos fidèles lecteurs que l’Allemagne ne faisait guère partie de nos terrains de jeu, son charme martial opérant difficilement sur nos esprits décalés. Certes, l’industrie automobile teutonne a produit parmi les plus belles carrosseries de nos années fétiches. Certes, l’industrie cinématographique germanique a produit l’un de ses héros les plus authentiques, l’indien Winnetou. Certes, l’industrie discographique outre-Rhin a produit l’autre plus grand groupe préféré de notre cher Goudurix, Kraftwerk… Malgré tout, rien n’y fait, notre germanophilie s’arrête un peu là.

Et pourtant, à quoi auraient ressemblés nos romans et films préférés, peuplés d’agents secrets, sans Berlin, sans un Berlin Est gris, triste, marqué encore par les vestiges en ruines de la guerre, face sombre du Berlin Ouest à l’exubérance toute occidentale.

Berlin fut ainsi, pendant près de quarante ans, le Lourdes (ou la Mecque pour ne vexer personne) de nos espions pélerins qui se devaient de s’y rendre afin d’y mener à bien leurs petites entreprises. Bien plus que le Caire, Berlin fut LE nid d’espions par excellence !

Mais évidemment pas question d’y retrouver un agent double zéro, trop occupé qu’il était à sauver le monde du côté de la Barbade, ou des Alpes suisses ! Berlin verra davantage le prolétariat de l’espionnite s’affronter. Ce n’est pas pour rien que le MI5 enverra notre cher fonctionnaire du renseignement, Harry Palmer (Michael Caine), tenter de faire passer à l’Ouest un général soviétique (plus ou moins) dissident, avant de se perdre dans les subtilités et les méandres de la double ou triple allégeance… (Funeral in Berlin).

Et que dire de la violence, plus sourde, plus glauque… bien loin du glamour des combats aquatiques bondiens. Une scène de Torn Curtain est en cela exemplaire : Paul Newman se débarrassant d’un agent de la Stasi en le gazant et le poignardant dans une misérable ferme de la banlieue berlinoise !

Mais tout a une fin. L’espionnage s’est démocratisé, il est partout et nulle part (même à la Régie Renault… Pensez, les plans de la nouvelle Mégane. Peut-on tomber plus bas ?).

L’espionnage tel que nous le fantasmions n’est plus : avec ou sans Dom Pérignon et Aston Martin, c’était d’abord l’élégance, la nonchalanche et l’humour d’un Bond, d’un Palmer, d’un Flint… que nous défendions.

Et Berlin a rejoint Londres, Bretzlburg et Szohôd (Bordurie) à notre panthéon de nos capitales "mythiques" de l’art du renseignement.

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