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Mille six cent ventres de Luc Lang

Publié le 15 avril 2011 par Sheumas

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   La perspective de la conférence à venir a eu notamment le mérite de m’amener ces dernières semaines à intensifier mes lectures et à en choisir certaines aux dépens d’autres pour les présenter aux lecteurs. Dans le cadre d’un retour sur les œuvres sélectionnées ou primées au Goncourt des lycéens, j’avais dans les rayons de ma bibliothèque un roman qui avait eu le prix en 1998, celui de Luc Lang intitulé Mille six cent ventres.

   L’idée du roman est intéressante : l’intrigue se noue sur fond de révolte de prisonniers dans la prison de Strangeways en Angleterre à l’époque de Margaret Thatcher. Le narrateur, un certain Henry Blain, est le cuisinier de cet établissement pénitentiaire et il dirige dans son « orchestre » les mille six cent ventres des prisonniers qu’il prend plaisir à malmener. Le personnage est en effet un individu mal intentionné qui se sent pousser des ailes parce qu’il a ce pouvoir burlesque de commander aux aérophages. Mais ce n’est même pas drôle !

     A ce défaut de Blain s’en ajoutent bien des autres, notamment celui de la vénalité. Comme l’actualité se saisit de l’affaire, les journalistes trouvent que la maison du cuisinier offre un parfait point de vue pour leurs reportages sur la prison. Ils y peuvent accéder moyennant paiement. Le cuisinier triple aisément son salaire dans ces conditions.

   Mais notre homme est également un dangereux pervers sexuel à l’affut des femmes qui passent à sa portée. Et c’est là que le bât (résille !) blesse... Le roman se vautre un peu facilement dans la fange du sexe et de la pornographie et finit par saturer le lecteur à force de scènes de bacchanales obscènes et priapiques. Le cuisinier amateur de tragédies de Shakespeare a déjà assassiné (assaisonné) trois personnes et les a enterrées dans son jardin. Il en exécute une quatrième, une certaine Louise, quinquagénaire qu’il déflore et à qui il donne vite le goût de l’érotomanie. Montée sur ses grands chevaux, l’amazone hennissante en veut toujours plus et en vient à lui demander de l’étrangler un peu, pour accentuer son plaisir (elle a lu ça dans un magazine sur la sexualité au Japon). Avec cet homme-là, c’est tenter le diable !

   Evidemment, Henry Blain finit par être soupçonné et les fantômes de ses victimes, comme à la fin de Macbeth, viennent le hanter... C’est une pauvre référence qui nourrit maladroitement le dénouement et qui laisse au lecteur une impression de débauche d’effets purement gratuits et finalement grotesques.


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