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Anthologie permanente : János Pilinszky

Par Florence Trocmé

Psaume 
 
Qui après des jours de jeûne 
pense à du pain, 
pense à un pain vrai. 
 
Qui au fond d'une chambre de torture 
aspire à la tendresse, 
désire une tendresse vraie. 
 
Et qui enfoncé dans un oreiller 
ne se sent pas seul 
n'est pas seul vraiment. 
 

 
Lettre 
 
Tu m'as hébergé pour une nuit. 
partageant ton oreiller. Evangile. 
 
Tu es splendide. Je ne comprends rien. 
Il n'y eut que bonté point de sexe. 
 
Encore et encore je pleure. 
Pas à cause de toi. Pour toi. Pour moi. 
 
Heureux ceux qui pleurent. 
Tu m'as hébergé pour une nuit. Tu m'habites à jamais. 
 
János Pilinszky, Trente poèmes traduits du hongrois par Lorand Gaspar et Sarah Clair aux éditions de Vallongues, 1990, p. 11 et 36 
 
|•| 
 
Un beau jour 
 
C'est toujours la cuillère de fer blanc au rebut, 
le bric-à-brac de la misère que j'ai cherchés, 
espérant qu'un beau jour 
inondés de pleurs, doucement m'accueilleront 
la vieille cour, le silence de lierre 
de notre demeure, son chuchotement. 
 
Toujours, 
j'ai toujours eu la nostalgie du retour. 
 
 
Blessure
 
 
Des oiseaux ensanglantent le ciel, 
les pas d'enfants et de bohémiens 
trouent la neige dure, plus vierge 
qu'une sérénade. Mais c'est ça qui est beau, 
la blessure incessante 
faite à la splendeur. 
 

 
Hommage à Isaac Newton 
 
Nous faisons ce que nous ne faisons pas 
et nous ne faisons pas ce que nous faisons. 
Quelque part il fait un silence terrible. 
Vers cela nous gravitons. 
 
 
János Pilinszky, Même dans l'obscurité, traduction de Lorand Gaspar et Sarah Clair, Orphée / La Différence, 1991, pp. 41, 53 et 83 
 
 
[Marc Dugardin] 
 
bio-bibliographie de János Pilinszky 
 
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