Abondamment pleurépar ses ex-compères desGrosses têtes,qui louaient autant son érudition que son franc-parlerindomptable et sa jovialité - Philippe Bouvard, atterré, saluant d'ailleurs “son maître à penser” qui “savait tout sur tout et dans l'ordre” -, l'ancien académicien et résistant Jean Dutourd, grand officier de la Légion d'honneur,décédé le 17 janvier 2011à l'âge de 91 ans, laisse une empreinte forte dans le patrimoine culturel national.
Pour preuve, le quotidienLe Figaros'est lancé dans une exploration passionnante de son appartement parisien et du contenu de son impressionnante bibliothèque personnelle, où il s'asseyait pour écrire, “sur son grand bureau plat en acajou de style Louis XVI (2000 à 3000 euros)“, les quelque 70 ouvrages de son cru. “Pas un auteur des siècles passés n'avait échappé à sa boulimie de lecture“, précise avec admiration le journal, citant en vrac une pléiade d'auteurs classiques de toutes les époques.
La dispersion des effets de Jean Dutourd se fera en deux vagues. Le 6 mai, à l'hôtel des ventes Drouot, l'étude Millon & Associés proposera à la vente la bibliothèque, soit 207 livres et autographes ; puis, le 11 mai, le reste du contenu de l'appartement suivra, ce qui représente 370 meubles, tableaux et objets d'art - “bergères Louis XVI, lustres à enfilades de perles, miroirs en bois dorés Louis XV, tableaux de l'école française du XVIIIe siècle…“, énumère Le Figaro, avançant l'estimation modeste de 200 000 euros pour le tout. On remarque aussi ce tableau, qu'on devine émouvant : “un autoportrait prémonitoire de l'homme qu'il s'imaginerait être, au soir de sa vie.“
C'est toute la vie et la mémoire d'un intrépide livrée à ses prochains, un mausolée littéraire qui portera avec lui, pièce par pièce, l'âme de son ancien gardien. Et Jean d'Ormesson d'écrire, en préface au catalogue de la vente, à propos des livres de la fameuse bibliothèque : “Les siens, et ceux des autres, qu'il connaissait comme personne. Cette encyclopédie ambulante et joyeuse que chacun de nous pouvait consulter… Il ne nous en parlera plus avec ce talent inimitable qui nous manque déjà tant, mais nous pourrons les feuilleter, les caresser, les lire en pensant à lui qui se confondait avec eux.“
Source : http://www.purepeople.com/article/mort-de-jean-dutourd-une-vie-magistrale-aux-encheres_a77940/1