« Gracious Lord »! I’m chocking !
Ah la belle aristocratie que voilà ! Entre dandysme maniéré des uns et émancipation dévergondée des autres, nous voici propulsés dans un monde de décadence et d’hystérie. L’extravagance y est aberrante, les frasques grotesques et la moralité totalement corrompue. Attendez-vous à du caustique et du grinçant !
1936 sur l’île de Wight : Nicholas, un camarade universitaire du fils aîné Charteris est enchanté d’être invité dans la résidence d’été de cette vénérable famille descendante de Lord Tennyson, prestigieux et illustre poète de génie.
Mais Nicky va vite se rendre compte à quel point les Charteris sont scandaleusement infréquentables, bien que gens de la très haute société britannique et héritiers arrogants de la splendeur victorienne. Après tout, il faut se mettre au goût du jour, jouer la modernité. La Grande-Bretagne n’est-elle pas entrée dans l’ère edwardienne, bien moins corsetée que la précédente et beaucoup plusfun ? Le tout nouveau roi, dont les sympathies nazies sont évidentes, ne veut-il pas épouser une femme américaine à la réputation sulfureuse, divorcée de surcroît ?
Qu’à cela ne tienne, les Charteris, entre insouciance et légèreté, se lancent à corps perdu dans des préoccupations fantasques et une effervescence obscène. Sexualité débridée, pédophilie, fantasmes et tabous assumés, adultère, voyeurisme, parties fines en famille, meurtre, esprit de caste exacerbé, accointance nazie aux relents d’ostracisme et de xénophobie, tel est le quotidien de ces joyeux drilles, tout juste perturbé par l’enquête soupçonneuse d’un Hercule Poirot aux yeux bridés.
« sachez donc qu’il est tout à fait upper class d’être sexuellement déviant »
Ministre des affaires équivoques de Sa Majesté, le vieux lord égrillard reçoit Ribbentrop en grand faste. La plus jeune des filles, Sissi, âgée de 13 ans se voudrait la fiancée d’Hitler mais doit se contenter du diplomate allemand pour consommer le mariage par procuration dans une scène bucolique mémorable.
Les filles aînées quant à elles ressemblent à des poules caquetantes organisant une course en sac vers le sacro-saint mariage. Teresa, dite Tess, est une vraie peste et Victoria, dite Vicky une excentrique licencieuse. Elles ont surnommé le tout jeune fruit des amours ancillaires de leur père« miniraclure »et n’ont de cesse de lui rappeler sa bâtardise. Quant au fils, jeune gandin angélique prenant son bain avec des canards en plastique, il cache sous un vernis d’érudition, de raffinement et d’innocence un lourd secret que même sa moralité déviante n’ose avouer.
Damned !
La splendeur des Charteris, de Stéphanie des Horts, éditions Albin Michel, 2 février 2011, 228 pages
ISBN : 9782226208347 / 18 €
Source : http://www.laruellebleue.com/6229/la-splendeur-des-charteris-stephanie-des-horts-albin-michel/
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