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Gustav malher en chef, kubrick stanley et le moderne manet

Publié le 16 avril 2011 par Popov

 GUSTAV MALHER EN CHEF, KUBRICK STANLEY ET LE MODERNE MANET

Gustav Malher est connu surtout pour ses symphonies et plus précisément par  l'adagietto de la 5ème immortalisé par une mort à Venise ou encore par un délirant long métrage de Ken Russel, le cinéaste rock and roll des sixties. On sait moins en revanche que ce génie sensible amoureux de philosophie, de nature et de littérature a eu pendant sa courte vie(il es mort à 50 ans) une activité de directeur d'Opéra.Le grand compositeur affichera au répertoire du Directeur d'opéra ses maîtres Mozart, Beethoven mais aussi  Wagner et l’opéra italien . Cet aspect de l'exposition est particulièrement intéressant . Imaginez le grand Malher confronté aux soucis d'un Gérard Mortier, d'un Gall ou d'un  Nicolas Joel, devant choisir entre plusieurs affiches, sélectionnant peintres et décorateurs (notamment entre les dessins superbes d'Alfred Roller), choisissant les solistes impitoyablement....Bourreau de travail, le d’orchestre  se montrera intraitableles dans les conflits tant avec ses supérieurs qu'avec le personnel(voir à cet égard les caricatures de la presse de l'époque) qui craint sa pratique sauvage du licenciement. Autre trouvaille de l'expo cet entretien avec l'épouse du compositeur tchèque (qui évoque non sans humour comment les allemands avaient fondu le buste en bronze de son mari qui avait été réalisé par ...Rodin en personne. Sur fond de Symphonie n°4 du maître la déambulation est particulièrement agréable. Le public avance dans un parcours balisé par la partition de l'oeuvre et s'achève sur son ultime concert à New York. Malher  y était alors directeur musical du philharmonique. 

Il n'y a aucun parallèle à faire entre Manet et Kubrick. Manet sanctifié, béatifié , Manet célébré mais Manet retrouvé à Orsay entre les Célébrités du Juste Milieu et l'exposition Malher. Rien de commun avec le cinéaste américain   sinon un bain de foule plutôt hostile et je vais expliquer pourquoi. Kubrick comme Manet sont des artistes si immenses qu'ils appartiennent au sens fort à l'imaginaire du public. Passé le seuil de l'une ou l'autre exposition le public se sent chez lui et en période d'inculture c'est toujours agréable d'avoir l'illusion de quelques repères.Les plus ignobles amènent même des enfants braillards sans la moindre vergogne dans ces temples de ce qui devrait  être un peu sacré. Montherlant évoquait en son temps ces chialeurs internationaux qui mieux qu'un jeu video vous transforme un moment de recueillement en dessin animé écholalique. Dans ces expositions achalandées, l'absence de tétines est presque aussi préjudiciable que les commentaires nourris d'analphabètes en extase. Comme la presse spécialisée a déjà fait le nécessaire je ne m'attarderais pas sur ces deux magnifiques expositions. pour la première, à l'heure où certains photographient des crucifix baignant dans la pisse, la vision des tableaux de Manet provoquera quelque réconfort. Pour les autres, à l'heure où le cinéma français ne dépasse pas le téléfilm costumé,rien ne vaut une émouvante immersion dans les chefs d'oeuvre du photographe new-yorkais, discret . On pourra à Orsay, apprécier particulièrement les portraits de femme comme celui de Berthe Morisot que le peintre, en avance sur toute modernité, dé-visage , transformant sa voilette en masque de mort. On appréciera également les  beautés au pastel et puis les grands classiques qui valent toujours le coup d'oeil : Olympia, Le Déjeuner sur l'herbe. On goûtera sur une étude comme " Aux Folies Bergères" le génie précoce d'un peintre qui va donner le" la" de la révolution picturale du siècle .

Pour Kubrick dont j'ai ai eu la chance de voir assez tôt "Les Sentiers de la Gloire" à Lyon quand existaient encore des programmateurs courageux(il fallait l'être alors car en 1976 film était interdit ...en France!), je dois dire que j'ai eu un peu de mal à aller de salle en salle sans revoir ma vie comme dans un film. Chaque chef d'oeuvre de Kubrick comme de la musique au fond, provoque une nostalgie intense. Il faut dire que chacun de ses films était une rencontre, une émotion, un choc et que tout est ici réactivé avec en prime que ce que vous pensiez unique a été partagé par des milliers de personnes. Cette belle expo intelligente piétine votre intimité avec l'auteur. C'est normal après tout . On versera aussi des larmes de crocodiles sur sur la documentation abondante du projet non réalisé d'un Napoléon . On se dira en sortant...KUBRICK, MANET...Oui.C'est tout de même quelque chose...

Musée d'Orsay 
Jusqu'au 29 mai 2011

Cinémathèque française /juillet 2011


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