Le Londonien ouvrant sous le pseudonyme de Burial n’en est qu’à deux longues productions, d’abord un éponyme puis Untrue en l’espace de deux ans (ils sont respectivement sortis en 2006 et 2007), ce dernier lui ayant permis de se construire une renommée internationale énorme, même s’il reste relativement moins connu que d’autres bien plus commerciaux autant dans leur approche que dans leur musique elle-même.
Depuis Untrue, Burial n’a pas été aux abonnés absents. En effet, il y a notamment eu un vynil en collaboration avec Four Tet (avec Moth/Club, deux titres de neuf minutes chacun où les sons s’entremêlent, se suivent, se coupent, à n’en plus savoir qui fait quoi — le comble du manque d’informations données à l’auditeur étant le fait que chaque face du disque ne mentionne pas le titre du morceau : lequel est donc « Moth » ? « Club » ?)
À nouveau, les deux se sont retrouvés, entourés cette fois-ci d’une voix très connue, celle de Thom Yorke. Deux titres de presque sept minutes, « Ego » et « Mirror ». Le concept demeure proche de celui de Moth/Club.
Arrivons-en enfin à notre intérêt : le petit Street Halo, mise en bouche du prochain et troisième opus de Burial, qui est peut-être l’un des disques les plus attendus depuis le succès critique d’Untrue, que certains médias sont allés jusqu’à placer parmi les meilleurs disques, sinon le meilleur disque des années 2000.
Trois titres sur ce nouvel EP en loup solitaire, et un seul mot nous vient : wouaw !!!
« Street halo », l’éponyme et premier titre, est de loin mon titre préféré de Burial à ce moment précis : ceux qui avaient fondu pendant l’écoute d’Untrue ne se sentiront pas dépaysés un seul instant, alors même que ce morceau dégage une humeur tout à fait opposée à l’album précédemment cité. Comme certains le diraient, c’est une véritable bombe et je ne m’étonne pas que cet EP serve d’entremetteur avant le prochain album : quand bien même celui-ci tarderait à arriver, les sept minutes de « Street halo » seules suffiraient à nous faire patienter. J’avoue même qu’avec Untrue, il m’avait fallu (beaucoup) de temps pour apprécier la musique de Burial. Alors que cette fois-ci, l’effet est chez moi immédiat.
« NYC » semble décaler l’espace-temps de l’univers du Londonien. C’est un titre plus froid, plus clinquant, plus glauque même. Il nécessite d’ailleurs plus d’effort à son écoute, et se révélera sûrement après nombre d’écoutes. Par contre, et je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose dans le rythme me rappelle celui d’une des chansons d’un certain M. Jackson… En tout cas, si j’erre totalement sur ce coup-là, je suis certain que la voix de ce dernier aurait parfaitement collé à la tonalité de cette musique.
Enfin, « Stolen dog » retrouve des bases plus sereines et est également un titre plus difficile d’accès que « Street halo ». En somme, cette conclusion, en un peu moins de sept minutes (« NYC » atteignant presque les huit minutes – en somme, chaque titre a le même temps pour s’imposer) laisse l’auditeur sur une note matinale, le second ayant été la nuit passée seul à errer dans une grande ville, quand le premier était un début de soirée prometteur, comme cela est souvent le cas, mais la désillusion est trop souvent au rendez-vous, nous obligeant à nous retrouver avec nous-mêmes. Car, oui, la musique de Burial, au moins sur ce petit Street Halo, est à écouter seul, aussi bien chez soi que dans les transports en commun. De préférence en regardant la pluie tombée par la fenêtre…
(in heepro.wordpress.com, le 19/04/2011)