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Dormir avec son animal : quel risque zoonotique?

Par Parapharmaveterinaire

Dormir avec son animal : quel risque zoonotique?

La présence dans le lit d'un chat ou d'un chien n'a rien d'inhabituel dans les pays industrialisés. Cette pratique génère des risques et notamment ceux de transmission d'agents pathogènes zoonotiques.


Dans le dernier numéro d'Emerging infectious diseases, de février 2011, notre confrère Bruno Chomel, de l'université de Davies (États-Unis), s'est intéressé, avec le Dr Ben Sun, vétérinaire responsable en santé publique en Californie, à un risque sous estimé de zoonose : celui des propriétaires dormant avec leurs chats ou les chiens.

En effet, dans la plupart, des pays industrialisés, 14 à 62 % des propriétaires dorment avec les « meilleurs amis de l'Homme » (chat ou chien) et de telles pratiques peuvent favoriser la transmission de maladies par léchage ou par un baiser ou encore via les puces de leurs animaux.

Il faut dire que, pour beaucoup de personnes dans notre société moderne, l'animal de compagnie fait partie de la famille. Certes la possession d'un animal de compagnie présente de nombreux bénéfices, que ceux-ci soit psychologiques ou liés à la santé (lutte contre le stress et exercice). Mais la compagnie des chiens et des chats peut aller jusqu'à les héberger dans sa chambre (dans ou sur le lit).


Chiens et chats dans la chambre

Le tableau 1 nous montre le nombre de chiens et de chats possédés en France, aux États-Unis, aux Pays-Bas et au Royaume Uni ainsi que les nombres, surprenants, de chiens ou de chats hébergés pour la nuit dans les chambres de leurs propriétaires (jusqu'à 62 % pour les chats aux Pays-Bas)

Chiens

Chats

Pays

Nombre (106)

%*

Nombre (106)

%*

USA

60

21-33

75

60

RU

8

14

8

45

France

8

30

9

45

Pays Bas

2

45

3

62

*% dormant dans la chambre sur le lit ou dans le lit du propriétaire

14 à 62 % des propriétaires dorment avec leur chat ou leur chien

Bruno Chomel et Ben Sun nous présentent une revue de la littérature sur ces risques spécifiques des animaux dans la chambre ou du léchage et des baisers.

Certaines maladies ont pu être très graves comme la peste qui fut transmise par des chats ou leurs puces dans le Nouveau Mexique en 1974 ou plus tard en Arizona. Il en est de même de la rage transmise par léchage dans certains pays en voie de développement.


Nous limiterons notre présentation aux risques possibles en Europe.

Maladie des griffes du chat

En premier lieu, la maladie des griffes du chat, due à Bartonella henselae, peut fort bien être aussi transmise par léchage, que ce soit celui d'un chat ou d'un chien mais le risque lié aux puces est également connu.

Pour Pasteurella spp., de nombreux articles ont signalé une possibilité de transmission par baiser, léchage d'un plaie ou contact étroit lors d'un reniflement : 38 cas de méningites (adultes, enfants, en particulier des nouveau-nés), otites (par léchage de l'oreille), sinusites (cas d'un chat léchant tous les matins le visage de sa maîtresse)

C'est en Finlande que l'on remarqua, à partir de 1988, que des septicémies pouvaient être la conséquence d'un léchage, et non d'une morsure, transmettant un hôte normal de la cavité buccale des chats et des chiens, Captnocytophaga canimorsus. La septicémie peut survenir rapidement surtout chez les personnes aspléniques.

Les infections par staphylocoques par léchage sont également possibles qu'il s'agisse de Staphylococcus intermedius ou de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline.

Risque de morsures

D'autres risques sont évoqués avec les parasites présents sur la fourrure de l'animal (Toxoplasma spp., Cryptosporidium spp., Giardia spp., œufs de Toxacara canis...) Par exemple, en France une dermatite prurigineuse due à une Cheyletiella (C.blakei) a été transmise par un chat dormant dans le lit de son propriétaire.

Enfin, il ne faut pas négliger le risque lié aux morsures lorsque l'on garde des chiens dangereux dans sa chambre. Ainsi, dans une revue, sur 109 cas de morsures mortelles répertoriées entre 1989 et 1994 aux États-Unis, 57 % concernaient des enfants âgés de moins de 10 ans et surtout 11 (environ 10 %) le furent sur des enfants endormis.

En conclusion, les zoonoses « dans la chambre » sont peu fréquentes mais le risque est réel et justifie un respect strict des conditions d'hygiène, la prévention du parasitisme interne et externe (sous un contrôle vétérinaire), en particulier lorsqu'il s'agit d'enfants ou de personnes immunodéprimées.


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