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Girl, don’t cry

Par Borokoff

A propos de Tomboy de Céline Sciamma 3 out of 5 stars

Girl, don’t cryDans une banlieue où ses parents viennent de déménager, Laure, 10 ans, souffre d’être une fille au point de se faire passer pour un garçon. Dans la bande d’enfants qu’elle rencontre au pied de l’immeuble, elle se lie d’amitié avec Lisa, une fillette de son âge qui tombe amoureuse d’elle (lui). Mais combien de temps Laure parviendra-t-elle à se faire passer pour Michaël ?

Second film de Céline Sciamma, après le très remarqué Naissance des pieuvres (2007), qui se situait dans le milieu de l’adolescence, Tomboy (en anglais « garçon manqué ») s’attelle cette fois à décrire le mal être d’une fillette en quête d’identité.

Ce qui impressionne dans Tomboy, c’est la maîtrise générale du jeu des enfants. Laure (Zoé Héran), sa petite sœur Jeanne (Malon Lévana) et Lisa (Jeanne Disson, faux air de Charlotte Gainsbourg jeune) sont remarquablement dirigées. Les dialogues sont finement ciselés, les répliques hilarantes de Jeanne font mouche comme elles étonnent par leur maturité.

Tomboy n’est pas tellement un film sur la volonté de changer de sexe mais une œuvre sur l’ambiguïté sexuelle et la quête d’identité. Laure, fillette aux cheveux courts et au physique androgyne est beaucoup trop jeune pour que l’on puisse affirmer que plus âgée, elle aura à coeur de se transformer en garçon. C’est dans cet interstice que se situe l’enjeu du film, dans ces nuances. Pendant la moitié du film, jusqu’à la scène du bain, on pense vraiment que Laure est un garçon.

A un moment, le père de Laure, joué par Mathieu Demy, s’adresse à sa fille en lui disant qu’il a hâte qu’elle soit grande pour pouvoir jouer au poker. En supposant que ce jeu soit plutôt réservé à des hommes (certes, c’est un cliché), on peut y voir comme une allusion inconsciente du père à l’androgynie de sa fille, à son côté « garçon manqué ».

On se souvient que dans Le dernier été de la Boyita, une fillette tombait amoureuse d’un garçon hermaphrodite. Ce n’est pas le cas de Laure dans Tomboy, mais les conséquences de la découverte de sa réelle identité provoqueront le même drame et la même souffrance chez Lisa que chez la fillette du film de Julia Solomonoff.

Si l’on peut reprocher à Tomboy d’être un brin linéaire et décevant dans sa chute, il y a des scènes qui sont très fortes, comme celle où la mère de Laure, découvrant « l’imposture » de sa fille, la force à porter, pour s’excuser, une robe devant tous les enfants qu’elle a dupés en se « travestissant ». Cette scène est à la fois violente pour le spectateur et traumatisante pour Laure. Mais il n’y a pas d’affirmation chez Sciamma. Seulement des interrogations et un art subtil de poser les questions, d’observer avec sensibilité les comportements. Que deviendra Laure ? Son désir de ressembler à un garçon jusque dans ses attributs physiques (elle met de la pâte à modeler dans son slip de bain) est-il une « tocade » d’enfant ou les prémices d’une quête existentielle ? Là encore, pas de réponse, que des questions. Tant mieux…

www.youtube.com/watch?v=NHebAaxnxKM


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