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La page blanche : l'enjeu clé de l'élection présidentielle

Par Arnaudgossement

Le débat.jpgUn coup de gueule ! Tel n'est pourtant pas l'objet premier de ce blog. Mais la pression exercée sur l'opinion publique et les consciences par les prophètes du malheur est devenue tout à fait intolérable. Aucun doute : la réhabilitation de l'optimisme, du courage et de l'imagination est l'enjeu clé de la prochaine élection présidentielle. 


Depuis quelques années, le catastrophisme, le déclinisme, le fatalisme et le pessimisme ont envahi l'espace public, à droite comme à gauche. On ne compte plus les articles de presse, les livres, les conférences et les débats où la parole est au désespoir, à la description de lendemains qui déchantent et à l'annonce répétée de l'Apocalypse. Les professionnels du désespoir exercent un terrorisme de la pensée sinistre qui devient réellement fatiguant. 

Fatiguant parce que ce pessimisme à la mode ne propose rien. 

Ecologie, économie, politique... "tout va mal Madame la Marquise". Les politiques sont tous pourris, la corruption est généralisée, les écologistes sont vendus au grand capital, les élites sont nulles, les jeunes sont fainéants, les vieux sont déconnectés et le pire est certain. Sur ce terreau du "tout va mal" prospèrent les populismes de tous ordres que l'on retrouve un peu partout en ce moment.  

Ce triomphe du pessimisme va de pair avec la chasse aux "naïfs".

Comprenez : ceux qui refusent cette doctrine de l'avenir bouché. A tous les débats auxquels j'ai pu récemment participer, j'ai pu remarquer que les intervenants qui s'opposent à cette vision sombre se voient immédiatement menacés de ce qualificatif : naïfs. Pire encore, celui qui refuse de ne contempler que le verre à moitié vide est aussi menacé d'être rangé dans le tiroir des négationnistes : il n'est pas permis d'avoir tout à la fois pleinement conscience des dangers qui guettent notre planète sans pour autant renoncer à son optimisme. 

Or, il me semble que l'on peut tout à fait refuser, avec la plus grande vigueur, les thèses climato-sceptiques sans pour autant être astreint à partager celles que développe notamment l'écologie radicale. Il est possible d'être tout à la fois convaincu du lien entre l'activité humaine et le changement climatique tout en refusant de n'être qu'un spectateur passif de cette catastrophe. 

Pour l'heure, c'est bien celui qui fera la litanie des maux de notre société qui sera supposé avoir un coeur et vraiment partager le malheur des plus faibles. Une forme moderne de charité. 

Pourquoi refuser ce pessimisme ? Parce qu'il ne sert à rien. Parce que ses conséquences ne sont pas acceptables.  

Le pessimisme actuel conduit à mettre en valeur la figure du spectateur au détriment de celle du héros. Celui ou celle qui saute sur sa chaise comme un cabri en répétant "tout va mal" aura bien plus de succès dans un débat ou une émission de télévision que celui ou celle qui va faire l'effort de proposer un remède en ne se contentant pas d'en rester au diagnostic. C'est le règne du spectateur bougon ou du commentateur qui dézingue. 

Le pessimisme actuel conduit à décourager. Si demain est déjà écrit et qu'il est certain qu'il sera triste, autant rester au lit, ne pas se lever, ne pas s'engager, ne pas se battre, ne pas réfléchir. C'est un message sans espoir qui est ainsi adressé aux jeunes générations par les apôtres du "c'était mieux avant", ceux qui regrettent cet "âge d'or de la sécurité" si bien décrit par Stefan Zweig dans "Le Monde d'hier".

Le pessimisme actuel postule une société d'interdictions et de police, très peu désirable. J'ai été très frappé lors d'un débat récent avec des représentants d'ONG de ce que ces derniers proposaient d'abord et avant tout un long catalogue d'interdictions sans avoir nécessairement conscience qu'il faudra recruter en masse gendarmes et policiers pour les faire respecter. Une société d'interdictions ne devrait pourtant pas susciter beaucoup de vocations. 

En réalité, le pessimisme actuel me semble procéder d'une erreur de raisonnement. Sans doute pour la première fois de notre histoire, demain n'est pas écrit. Il n'y a plus grand monde pour croire aux lois de l'histoire de l'histoire du marxisme ou aux lois de l'économie de marché. 

Demain est donc une page blanche. Et face à elle, deux camps. 

Celui des optimistes, qui considéreront cette page blanche comme une très belle opportunité, celle d'écrire collectivement notre avenir. C'est le camp des constructeurs pour qui la lucidité n'oblige pas à la fatalité. 

Celui des pessimistes, qui n'y verront que vide, incertitude et donc peur. C'est le camp des immobiles et des vociférateurs.  

Je fais le pari que le débat de la prochaine élection présidentielle sera marqué par ce clivage.

En attendant je vous recommande la lecture de ce numéro absolument passionnant de la revue "Le Débat" intitulé "De quoi l'avenir intellectuel sera-t-il fait ?" Une lecture indispensable pour comprendre les débats en cours. 


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