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Mabrouck RACHEDI et Habiba MAHANY : INTERVIEW EXCLUSIVE !!!

Par Geybuss

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C'était en mars dernier à Rennes. Je rencontrais deux auteurs ravis d'être en Bretagne en plein hiver (cela se remarque bien à leurs sourires ). Mabrouk Rachedi et Habiba Mahany, frère et soeur à la vie civile !

A deux et à quatre mains, ils ont écrit La petite Malika qu'ils m'ont dédicacée de maniière innoubliable LA.

Et c'est à une, deux, trois ou quatre mains qu'ils ont eu la gentillesse de répondre à mes questions !

Quelle est l’étincelle, l’idée première qui a déclenché l’écriture de cette version féminine “Du petit Malik”  “la petite Malika”. Malika a t-elle été surdouée dès la genèse du livre ? Pourquoi ce choix ?

Mabrouck : Après « Le Petit Malik », beaucoup m’ont demandé une suite. Mais moi, je voulais une vraie raison pour revisiter un univers adjacent à celui de Malik. L’écriture à la première personne au féminin représentait le challenge de ce nouveau projet.

Habiba : Mabrouck m’a demandé d’écrire avec lui quand il a réalisé que, seul, il arrivait à un résultat insatisfaisant. Nous avons donc réfléchi à la façon de rendre « La Petite Malika » différente du « Petit Malik » et l’idée d’une jeune surdouée nous est venue. Malika peut ainsi poser un regard mi-adulte, mi-enfantin sur son environnement.

  L’écriture à 4 mains a t-elle été une évidence ? Comment s’y prend-on pour écrire à 4 mains. Chacun écrit il des passages qu’il soumet à l’autre ou chaque phrase est elle construite en présence des 4 mains et des deux cerveaux ?! Comment fait on pour que le style ne soit qu’un lorsqu’on est deux ?   Habiba : L’écriture à quatre mains suppose un dialogue permanent. Pendant l’élaboration du plan, pendant l’écriture et pendant les réécritures, nous avons été en contact permanent, soit par mail, soit en direct.

Mabrouck : Cela suppose aussi une grande confiance mutuelle. Nous savions que quand l’un soumettrait un avis à l’autre, ce ne serait pas pour tirer la couverture à lui mais pour le bien du livre. Notre proximité, à la fois dans la vraie vie et dans l’approche littéraire, a rendu les choses plus faciles.

Heu... Durant l’écriture de la petite Malika, qui avait le plus souvent raison ? En cas de désaccord, qui a le mot final ? Qui a fait le plus preuve de patience pour “imposer” ses idées à l’autre ?!!! Qui est le martyr de l’autre ?!!!

Habiba : Nous n’avons pas tenu un tableau de bord des modifications apportées par l’un et par l’autre ! Nous avions une vision commune, personne n’a eu à imposer ses idées à l’autre.

Mabrouck : Ma sœur et moi sommes suffisamment proches pour faire passer les questions d’egos au second plan. Je ne pense pas que j’aurais pu écrire ce roman avec quelqu’un d’autre qu’elle.

Habiba : Ni moi avec quelqu’un d’autre que Mabrouck !

  

Quels traits de caractère ou quelles anecdotes racontées par Malika doit on particulièrement à Habiba ou à Mabrouck ? 

Habiba : Malika doit autant à Mabrouck qu’à moi. Moi-même, je serais bien en peine de distinguer ce que j’ai écrit de ce que mon frère a couché sur papier ! Notre écriture donne à entendre une seule voix.

  Dans les choix de vie de Malika, peut on y voir un certain parallèle avec ceux de Mabrouck qui a quitté la haute finance pour se consacrer à l’écriture et aux zones dites sensibles ?  

Mabrouck : Bien vu. Malika et moi faisons en effet le même choix de quitter un poste lucratif, socialement en vue. L’un comme l’autre, nous sortons du chemin qui nous était tracé pour une voie plus aléatoire mais plus authentique.

Habiba : Sans avoir fait un choix aussi radical que Mabrouck, puisque je continue à exercer une activité professionnelle salariée, l’écriture de mon premier roman « Kiffer sa race », puis le reste de mon aventure littéraire, procède du même élan. Je ne pourrais pas être pleinement moi-même sans écrire.

  

Mabrouck, on dit de vous que vous êtes un auteur de La Nouvelle Génération ? Que signifie ce concept ? Est-ce un label de plus pour classifier encore un peu plus un auteur et son œuvre ? Qu’est-ce qui sépare et distingue les “générations d’auteurs “ ? J’imagine que ce n’est pas qu’une date de naissance ? 

Mabrouck : Je ne sais pas ce que veut dire « auteur de la nouvelle génération ». Je ne me pose aucune étiquette. La seule que je revendique, c’est celle d’écrivain. Je n’aspire qu’à devenir un auteur de l’ancienne génération, ça voudrait dire que je continue à être publié et que mes livres traversent le temps !

  

L’un des messages de ce roman est “ Ne pas oublier ses racines, ne pas oublier d’où l’on vient”. Ceci est il valable quelque soit le milieu social d’origine ? 

Habiba : Vous nous avez très bien lus et très bien compris. Ca fait plaisir. Ce que vous soulignez là est très important. On ne construit rien sans fondations. C’est vrai quelles que soient les origines (sociales, géographiques ou autres). La question est très juste parce qu’on a tendance à nous demander si on s’adresse à des gens qui nous « ressemblent », c’est-à-dire issus des mêmes quartiers populaires ou de la même communauté que nous. Or, nous nous adressons à tout le monde et, d’ailleurs, nos lecteurs sont de toutes les générations, de tous les milieux, etc. Nous croyons l’un comme l’autre à la portée universelle de la littérature.

Selon vous, le style d’un écrivain c’est : une méthode, des tripes, un don, une prédisposition et beaucoup de travail ou une envie accompagnée d’une tonne de travail. En même temps, faut il forcément avoir un style pour être auteur ? Un style, une plume reconnaissables et précis ne risquent ils pas d’enfermer l’auteur dans certains sujets. Le talent ne serait il pas de ne pas avoir de style mais de s’adapter, justement, à chaque sujet ? 

Mabrouck : Je crois surtout qu’il y a autant de styles, de façons d’aborder l’écriture, de poser sa plume, d’imposer sa patte qu’il y a d’écrivains. L’histoire de la littérature montre suffisamment de parcours différents, de talents différents pour nous garder de poser une généralité sur la « bonne » façon d’écrire. Pour ma part, j’essaie de m’adapter. Je laisse le sujet aller à moi, puis je réfléchis à la meilleure façon d’avoir le ton juste. Avant d’être publié, lors de mes premiers bouts d’écriture, j’avais tendance à trop en faire, pour montrer que je savais écrire. Maintenant, j’ai compris que la simplicité est une force.

Habiba : Entre « Kiffer sa race » et « La Petite Malika », les styles sont très différents, même si l’environnement reste urbain. Comme Mabrouck, je pense que chaque histoire « dit » naturellement son style. D’ailleurs, qui lira « Eloge du miséreux », l’essai de Mabrouck, et « Le Poids d’une âme », « Le Petit Malik » et « La Petite Malika », ses trois romans, y verront de très grandes différences.

 Me trompe-je en criant haut et fort qu’une suite de La Petite Malika est incontournable, déjà en cours d’écriture et donc pour très bientôt ?!!! Quels sont vos autres projets en commun ou chacun de votre côté ?

Habiba : Pour l'instant, nous n’avons rien décidé. En ce moment, je me dirige plutôt vers des projets personnels mais ils sont à un stade trop embryonnaire pour en parler.

Mabrouck : Si à la sortie du « Petit Malik », on m’avait dit que « La Petite Malika » sortirait, je n’y aurais jamais cru. Tout est possible, même si pour le moment, ce n’est pas d’actualité.

 Quels lecteurs êtes vous ? Quels sont vos 3 derniers coups de cœur littéraires ?

Mabrouck : Paradoxalement, je lis moins depuis que j’écris. Lire les autres m’immerge dans l’univers des autres au détriment du mien. C’est difficile d’isoler seulement trois coups de cœur alors je n’en dégagerai qu’un seul pour ne pas faire de jaloux : « Kiffer sa race » d’Habiba Mahany !

Habiba : Mes trois derniers coups de cœur ? « Le Poids d’une âme », « Le Petit Malik » et « Eloge du miséreux » de Mabrouck Rachedi !

45 MERCI


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