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Redon/allen/mats ek : sublimes noirceur

Publié le 29 avril 2011 par Popov

REDON/ALLEN/MATS EK : SUBLIMES NOIRCEUR

Trois artistes à contre-nuit. Trois artistes qui ont ou luttent contre les ténèbres avec un talent immense et leur voie propre. Odilon Redon dont on peut voir les "Noirs" au Grand Palais et aussi quelques tableaux en couleur et quelques oeuvres décoratives. L'exposition vaut surtout pour les "Noirs", cette série de lithographies, fusain, pastels littéralement dévastatrice et dont "La mort" une oeuvre magistrale qui "stupéfia" Mallarmé peut donner une idée. Le graveur qui influença le surréalisme fait surgir du néant la clarté et les formes. Dans ses illustrations de Flaubert, son souci des origines (sa série sur Darwin) c'est l'imagination qui prime. Sombre certes, mais animé d'une puissance de vie de créativité...Du noir surgit la lumière. Et cette lumière n'est pas "obscure clarté" mais jaillissement libérateur, plaisir.

Dans un autre genre, le dernier Woody Allen nous plonge au coeur des ténèbres avec son dernier film "Un bel et sombre inconnu". Pas un personnage pour sauver l'autre dans ce long et triste métrage. Dans la lignée de "Match Point" voire de "Crimes et Chuchotements".  Du grand Allen, du "mauvais" Allen . Pas un personnage pour sauver l'autre. tous fuient la réalité dans la sensiblerie, l'ésotérisme, la quête de l'éternel jeunesse. Allen pose un regard assassin sur ces "Madame Bovary" de Manhattan, ces Berlusconi gavés de viagra, ces mystiques à deux balles...il fustige mensonge et imposture (deux thèmes habituels chez lui )sans la moindre complaisance. Aucun espoir dans cette nuit. Sauf peut-être ce que Barthes appelle le plaisir du texte, une sorte de parole, un babil qui se suffit à lui-même( dans ses dialogues au kilomètre Allen trouve son assomption; comme ne lumière dans son parcours nocturne).

Les personnages sont humains dans le grincement de son humour tragique. 

Enfin MATS EK, ce génial chorégraphe contemporain entré au répertoire et dont l'Opéra de Paris reprend deux oeuvres emblématiques et superbes :

"La Maison de Bernarda Alba" (tiré de Garcia Lorca) et "Une sorte de..." , ballet plus récent(1997)d'une modernité folle. Kader Belarbi (retraité en forme) incarne Bernarda avec la force d'un Manuel Legris (peut-êre en moins "duègne") ce personnage symbole de l'Espagne franquiste,catholique et austère. A ses côtés des talents "lumineux" comme Alice Renavand-charnelle servante-Laure Muret, bossue possédé pleine de gâcee-ou splendide Eleonora d'Abbagnato oortent très haut la révolte sensuelle des femmes. dans le drame , c'est cette puissance qui donne de la clarté . C'est cette révolte magnifique des femmes qui ouvrent cette oeuvre sinistre.

Dans un autre registre, "Une sorte de..." , chorégraphie plus moderne avec son côté psychiatrie pragoise kafkaïenne  est un jet lumineux de fantaisie au milieu des forces de mort.Bref, en cette période pascale finissante, de belles occasions de repartir un peu...


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