Lecture : « Les lucioles noires » (Victor Bouadjio).

Dans ce roman, les personnages évoluent sur trois continents : l’Afrique (Cameroun), l’Amérique du Nord (Québec) et l’Europe (France). Léopold Laberge est un missionnaire jésuite, originaire du Québec. Au début de l’intrigue, il rentre dans son pays, après avoir passé plus de 30 ans en Afrique (Cameroun). Ce personnage constitue un véritable lien entre l’Afrique et l’Occident ; censé apporter la parole divine, il sera initié par un guérisseur, au point de devenir un authentique "khamsier". De son côté, Alice Magni est originaire du Cameroun, à l’endroit même où Léopold Laberge officiait. Elle quitte le "m’ba" (domaine familial) pour étudier la médecine en France. Les liens tissés entre ces deux personnages se font jour au fil du récit. Dans ce livre, de nombreux thèmes sont abordés, comme la diaspora africaine, l’amitié et la fraternité. L’auteur, Victor Bouadjio, utilise à merveille la technique de la focalisation : en lisant ce roman, l’on se retrouve à la place des personnages ; épreuves, sentiments et questionnements n’ont aucun secret pour le lecteur. Le récit est authentique et pose de vraies questions de fond : quel avenir pour l’Afrique et les Africains ? La paupérisation d’un peuple et d’un continent constitue-t-elle une fatalité ? En lisant ce roman, l’on trouve quelques ébauches de réponses, teintées d’humanisme et pragmatisme. Pour conclure, lire ce livre représente un vrai "bain de jouvence" : pour se réconcilier avec le genre humain, il est difficile de trouver mieux…