Lu pour vous - Vies de mafia de Delphine Saubaber

ParJacques de Saint Victor

28/04/2011 | Mise à jour : 15:29

Vies de mafiade Delphine Saubaber est une plongée passionnante au cœur des vieilles mafias italiennes.

La mafia fait peur. Mais elle fait aussi beaucoup écrire. Rares sont pourtant ceux, en France, qui la connaissent bien. Delphine Saubaber, grand reporter à L'Express, est une des seules à côtoyer avec autant de familiarité les différents acteurs de la scène criminelle italienne. On la rencontre partout : à la Direction antimafia à Rome, à Palerme, sur les traces du sénateur Marcello Dell'Utri ; en Calabre, parmi ces femmes de la «terre des disparus» ; et c'est d'ailleurs l'un de ses reportages poignants sur la Ndrangheta calabraise, la plus puissante aujourd'hui, qui lui a valu le prix Albert-Londres en 2010. Aussi sa plongée au cœur des vieilles mafias italiennes, volontairement centrée sur l'actualité brûlante, est-elle non seulement passionnante mais informée aux meilleures sources.

Avec son confrère Henri Haget, elle a voulu «raconter la mafia à hauteur d'homme», faire ressentir au lecteur ce que signifie vivre sous l'ombre pesante de la Pieuvre, comme ce baron sicilien enfermé à vie au Grand Hôtel de Palerme, dans une de ces régions de l'extrême Sud de l'Europe où l'on tue des prêtres parce qu'ils dérangent, où l'on dissout des enfants dans l'acide parce que leurs parents collaborent avec la justice… Delphine Saubaber a d'ailleurs rencontré un de ces repentis (ce qui est très difficile), qui peut se «vanter» d'avoir une centaine de morts à son actif. La manière dont il évoque ses crimes, notamment par strangulation («La mort la plus dure qui soit»), crée un vrai malaise. Il y a pire, précise-t-il, c'est le tueur «qui n'a pas peur», comme Pino Greco, l'assassin préféré de l'ancien capo dei capi , le chef de tous les chefs, le boss Toto Riina.

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