La belle histoire d’Anna Netrebko (La Traviata, opéra de Verdi, 1850)

Oui je sais, encore Verdi, encore la Traviata, encore Anna Netrebko… Mais quand on aime, on ne compte plus ! Et j’aime particulièrement ce moment de l’Acte I, où Violetta prend conscience des sentiments qu’elle éprouve pour Alfredo, arrivé sans prévenir avec son ami Gaston dans ce lieu de divertissement qu’est dans le Paris du Second Empire, la maison de cette courtisane (traviata veut dire “femme perdue”). Violetta ose enfin se l’avouer en chantant le fameux “c’est pour lui que mon âme” (”Ah, fors’è lui che l’anima”). Puis brusquement, elle chasse cette pensée de son esprit, et déclare ne pas vouloir changer de vie… Le spectateur un peu déboussolé, entend alors un “Sempre libera” (toujours libre et de plaisir en plaisir”). Violetta est donc un personnage qui hésite, se demande si une femme comme elle, plus proche de Carmen que de Mickaela, mérite réellement de connaître à son âge, une véritable histoire d’amour. Qu’on se rassure, elle finit par dire oui à l’amour, surtout quand elle entend la voix irrésitible d’Alfredo chanter “Di quell’ amor” !

C’est Anna Netrebko, l’une des plus grandes sopranos du monde, que l’on peut voir sur cette vidéo et dont je ne me lasse pas d’admirer la beauté. Alain Duault dans un très beau livre consacré à l’opéra (Editions Hugo & Cie, 2010), raconte qu’elle fut admise à 16 ans au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, mais qu’elle visait le théâtre Mariinski, autrement dit l’Opéra de la même ville, absolument incontournable pour espérer réussir dans ce milieu très difficile. Le plus étonnant c’est qu’Anna Nebratko réussit à y entrer, mais comme femme de ménage car elle avait visiblemet très peu de moyens financiers… Pour autant sa situation lui permit d’écouter durant des mois les répétitions et d’entendre le chef d’orchestre Valery Gergiev, directeur du théâtre. Jusqu’au jour où elle fut prête pour une audition. Anna Netrebko avait dit “oui à l’opéra” en dépit des obstacles, comme Violetta qu’elle incarnera plus tard, “avait dit oui à l’amour”, n’écoutant que son coeur ! C’est une belle histoire et à mon sens, un exemple à suivre.