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Noir c’est noir : histoire du polar

Par Benard

Elie Arié revient sur l'histoire du roman policier, étroitement liée à l'histoire du XXème siècle.

Sherlock Holmes (Wikimedia Commons - Aloxi - cc)

Sherlock Holmes (Wikimedia Commons - Aloxi - cc)

L’histoire du roman policier du XXè siècle a connu trois grandes périodes successives et différentes –même s’il sera facile de m’opposer des exceptions :

1 - La première fut celle des « esprits supérieurement intelligents » : Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Auguste Dupin, etc. , qui, par la seule force du raisonnement déductif, résolvaient des énigmes dont la solution échappait à la police ; ce schéma fut poussé à son extrême par l’écrivain aveugle José Luis Borges, avec son personnage de Don Isidro Parodi, un condamné emprisonné auquel les policiers viennent soumettre les crimes qu’ils n’arrivent pas à résoudre, et dont il trouve la solution en réfléchissant sans sortir des quatre murs de sa cellule, alors qu’elle échappe aux enquêteurs qui peuvent observer les lieux du crime – et qui sont les vrais aveugles.

Ce genre littéraire était un jeu entre l’auteur et le lecteur, qui se « fait avoir » parce qu’il n’a pas prêté attention à certains indices ; bien entendu, pour que la solution échappe aux lecteurs particulièrement perspicaces, l’auteur est obligé de tricher, et de ne révéler, mine de rien,  certains éléments essentiels qu’à la fin ; mais pour que le lecteur ne se sente quand même pas trop idiot, le héros intelligent dialogue souvent ave un personnage encore plus bête que le lecteur (le dr. Watson chez Conan Doyle, Hastings chez Agatha Christie).

2 - Ce genre fut supplanté par l’apparition, aux Etats-Unis, du détective privé (Philip Marlowe, Sam Spade, etc.) né dans les années de la prohibition ; dans un univers de corruption généralisée à laquelle n’échappaient ni les politiques, ni les maires, ni les policiers (particulièrement balourds) du grand chef au simple flic de base toujours ripou, ce personnage, plus malin et débrouillard qu’intelligent, répondait à un besoin particulièrement vif à l’époque : celui de l’homme sinon honnête (il prend souvent des libertés avec la loi, s’introduit par effraction dans des domiciles ou vole des documents confidentiels) du moins moral et désintéressé : il ne fera jamais une crasse à la veuve, à l’orphelin ou aux faibles, et, lui même assez pauvre (il reçoit dans un cabinet minable et n’a jamais de quoi payer sa secrétaire), il risque souvent sa vie pour des clients encore plus pauvres ou insolvables ; dans une peinture sociologique assez cruelle et réaliste d’une société totalement  corrompue, il représente, en fait, le seul personnage vraiment imaginaire, celui de l’ « Incorruptible » (comme la série du même nom), celui de la société telle que les Américains auraient préféré qu’elle fût.

3 - Mais ces deux personnages, celui du « déductif de génie » comme celui du « détective privé désintéressé » avaient un défaut majeur : celui de ne pas exister dans la réalité.

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