Magazine Culture

PYONGYANG, de Guy DELISLE

Par Geybuss

PYONGYANG, de Guy DELISLE

BD - Editions l'Association - 152 pages -  23 €

Parution en novembre 2002

L'histoire : L'auteur Guy Delisle travaille dans l'animation (de dessin !). Sa société l'envoie en mission pour deux mois en Corée du Nord, dans les studios soustraitants. Monsieur Guy constate que la dictature s'immisce partout...

Tentatrice : A girl From Earth 

Fournisseur : La bib

J'ai lu cette BD pour faire plaisir à ma copine AGFE, qui me l'a presque mise de force dans les mains lors de sa visite à Rennes pour la Rue des livres et de notre virée à ma bibliothèque !!!

PYONGYANG, de Guy DELISLE
. Oui, quand on peut, on visite les bib des blogueuses que l'on connait !!!

Et ce qu'il y a de bien, c'est que faire plaisir à quelqu'un n'empêche pas aussi de se faire plaisir soi même ! Ce qui fut largement le cas avec cette BD.

   Attention, incontournable...

Mon humble avis :Pyongyang comme vous ne la verrez jamais, à moins d'un miracle. Pyongyang capitale de la Corée du Nord, pays le plus totalitaire et fermé du monde. Pyongyang, ville que l'on ignore bien dans notre confort capitaliste, démocratique et occidental. Pyongyang de l'intérieur.

Ce roman graphique retrace le séjour de deux mois que l'auteur y fit au début des années 2000. malgré les précautions d'usage et les conseils qu'il a reçu avant son départ, c'est de plein fouet qu'il va se heurter à la rigidité et à la main mise du régime qui s'occupe de tout : de ce que vous avez le droit de voir, de dire, de faire, d'écouter, de manger, de fréquenter, de penser.... et surtout de ne pas penser. En Corée du Nord, tout n'est que propagande, tout provient du dirigeant et lui revient, un dirigeant mégalo à l'égo qui dépasse l'entendement. D'ailleurs tout dépasse l'entendement, on se croirait dans une expérience socialo-scientifique, dans un roman d'anticipation ( l'auteur site 1984 d'Orwell...) et pourtant non, on est dans une réalité tragique et pathétique. La notion vivre sous une dictature prend ici toute son ampleur, tout ce sens qui est bien inconnu par chez nous.

On sent vraiment la perplexité de l'auteur devant des situations qui pourraient être cocasses si elles n'étaient pas réelles. Notre âme d'Européen voit le grotesque de ses situtations qui saute aux yeux et qui, pourtant, semble invisible à ceux des Coréens. Le ridicule est tellement énorme pour l'esprit libre... Les Nord Coréens subissent un tel lavage de cerveaux que l'on se demande même s'ils sont conscients de leur soumission...

Les dessins sont assez simples, épurés, en noir et blanc. Ce n'est pas ce que j'ai préféré dans cette BD mais j'avoue qu'ils sont idéaux pour décrire l'austérité ambiante...

On entre dans le vif du sujet dès le début et j'avoue, je me suis demandée comment l'auteur s'y prendrait pour ne pas se répéter au cours des 152 pages.... Et bien il y parvient sans peine, tant le scénario est dynamique, sensé, soigné, percutant. Et le sujet hélas inépuisable en fait. Les mots sont terriblement justes. L'humour est là, mais pas l'humour potache bien sur qui ne se prèterait pas au sujet et serait indécent. Non, c'est plus du cynisme, de la dérision, du sarcasme, du 2ème degré. Bref, le ton qu'il faut pour captiver son lecteur, lui apprendre des choses qu'il retiendra et surtout l'atterrer. Car même si j'ai souri, presque ri à certains passages, cette BD m'a atterrée. Un bout du monde auquel je n'ai pas accès et que j'ignore royalement dans mon quotidien est entré chez moi.

Et si le vent démocratique qui bouleverse le Moyen Orient ces temps ci pouvait souffler jusqu'en Corée du Nord ?

En attendant, je vous conseille vraiment de lire cette BD. C'est un excellent témoignage d'expatrié sur une ville presque interdite. Mais aussi un véritable outil de "propagande et d'information antitotalitaire" ! Ça donne sacrément envie de voter, même si c'est pour les moins pires !

" A un certain niveau d'oppression, peu importe la forme que prend la vérité, car finalement plus le mensonge est énorme et plus le régime montre l'étendue de son pouvoir".

 

  "D'ailleurs, tu sais ce qu'on dit par chez nous sur la démocratie et la dictature ?

La dictature c'est ferme ta gueule et la démocratie c'est cause toujours"

"On en apprend plus sur le pays en étant à l'extérieur qu'à l'intérieur".

"Jusqu'à quel point peut-on manipuler le cerveau d'un individu ? On risque d'en apprendre un rayon sur le sujet quand le pays s'ouvrira ou s'effondrera".

 

 

L'avis de Joelle


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Geybuss 1558 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines