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La colline a des yeux

Publié le 03 mai 2011 par Flow

La colline a des yeux.

(réalisé par Alexandre Aja)

Détour mortel (et ennuyeux).

 

On était trois et il pleuvait dehors. La nuit était glaciale, menaçante. Enfermés dans un salon sordide...... Bon ok, j'en rajoute. L'atmosphère n'était pas du tout menaçante en fait. Mais on voulait voir un film d'horreur efficace. Trois personnes différentes avaient vanté à chacun d'entre nous la réussite de ce film gore et malsain. On a donc décidé de le regarder... Mais on a vite déchanté devant la médiocrité de l'ensemble.

 

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Je n'ai pas vu l'original de Craven mais d'après les critiques, celui-ci est meilleur, je pense donc éviter de le regarder. L'histoire est simple. Une famille américaine typique part en Californie en passant par le désert (non mais ils ne regardent jamais la télé ces blaireaux ou quoi???). Arrivés sur une colline, ils crèvent (les pneus) et découvrent qu'elle a des yeux ou plutôt des habitants belliqueux. Ils vont vivre l'enfer.

Points positifs.

Aja a quand même quelques mérites. Tout d'abord, on ne peut nier l'amour qu'il porte au genre. Il en connait les codes, les références. Il sait en jouer tout en proposant une violence graphique. Le voir associé à Craven ne m'étonne pas du tout et je l'imagine bien aux commandes d'un Scream....

De plus, une colline ouverte comme décor de film d'horreur n'est, à mon avis, pas évident à gérer. Surtout dans le désert et en plein soleil. Ce n'est pas ce genre d'endroits que l'on s'attend à visiter dans ce genre et je dois avouer que c'est une agréable surprise. Car même si je trouve le film vraiment mauvais, je pense qu'il a su gérer son espace de manière crédible et efficace. On sent réellement les personnages oppressés, assiégés.

Et la palme de la connerie revient à...

Mais les points négatifs dominent. La connerie des personnages nuit sérieusement à la réussite du film. Ils accumulent toutes les tares, tous les écueils du genre. Ils se séparent, vident leurs chargeurs dans le vide (mention spéciale à l'adolescent qui est bien le fils de son père et qui nous offre la scène la plus ridicule du film), s'enferment dans des endroits clos. Ils sont cons. On a passé tout le film à se regarder et à se dire qu'être aussi con est impossible. Les exemples sont nombreux mais je n'en citerais qu'un: le gendre est le roi des boulets (étrange d'en faire le héros du film) mais part sauver son bébé. Ce qui est logique. Ce qui ne l'est pas par contre, c'est d'enfermer le chien (sa seule ressource) dans une voiture alors qu'il est entouré de mutants cannibales. C'est juste idiot!

Du coup, il est impossible de ressentir de l'empathie pour les protagonistes mis à part pour Rex, le chien policier, qui semble être le seul intelligent de la bande et qui en plus doit supporter la connerie de ses compagnons. De plus, leur caractérisation est très sommaire. La mère, religieuse est aussi intéressante qu'un caillou de cette foutue colline.

Critique des USA.

Certains crient au génie pour la subversion proposée par le film. Mais elle est aussi subtile que Hulk dans une miroiterie. Le papa est un républicain adepte des armes à feu, qui enseigne cet amour à son fils (mais bizarrement aucuns des deux ne sait viser), il finira brulé vif. Et le démocrate pacifique, lui, survivra. Les monstres mutants sont victimes des retombées radioactives provoquées par les tests du gouvernement. Ils plantent un drapeau dans le cadavre du papa et entonne l'hymne national, avant de lâcher un virulent: c'est vous qui nous avez fait comme nous sommes.... T'as pas plus subtil Alex???

Là où ça aurait pu être intéressant, c'est au niveau de la réflexion sur la violence (une récurrence du cinéma de Craven) mais elle est absente de ce remake. Le personnage pacifique est au final, le plus violent de tous (même que ses bourreaux). Il aurait été passionnant de réfléchir sur la part de bestialité présente en chacun d'entre nous. Mais Aja choisit une direction plus dérangeante qui contrebalance sa critique du pays dans lequel il tourne son film. Il fait du démocrate son héros (musique patriotique à la clé) violent, vengeur de l'Amérique et exécuteur de tous ces barbares sanguinaires. La scène du retour à la caravane, avec son bébé et le chien en laisse est assez problématique et conservateur.

Malsain? Pas vraiment.

Tout cela empêche notre implication. Du coup, le gore (qui n'est pas non plus insupportable) et le côté malsain ne font pas effet. La scène de la caravane (celle du viol) en devient ridicule et illisible. Ils mettent vingt ans à se rendre compte de ce qui se passe et rentre les uns après les autres dans la roulotte. Aucune tension ne s'en dégage. De la tension, il y en a en revanche dans la scène du village test mais ce n'est pas suffisant pour la trouver crade. Elle lorgne du côté d'un Massacre à la tronçonneuse avec ses morceaux de cadavres, sa famille de dégénérés et son ambiance. Mais alors que ce film est, pour le coup, vraiment malsain, ici le malaise est absent. Le chef d’œuvre de Tobbe Hooper est un summum de subversion alors que le film d'Aja est le summum de l'inefficacité.

Un plantage mais un plantage honnête. Après, je ne comprends pas l'engouement pour ce film. Et expliquez-moi une bonne fois pour toutes en quoi une exposition à des retombées radioactives vous rend cannibale? Ce n'est pas ce que j'attends d'un survival.

 

 

Les+ :

- Amour du genre.

- Maîtrise de l'espace.

Les- :

- Connerie abyssale des personnages.

- Subversion ratée.

- Pour le malsain, on repassera.

 

 

 

 

 

Note:

1


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