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Henriette Noëlle Ekwe: la femme courage de la presse camerounaise

Publié le 03 mai 2011 par 237online @237online

Écrit par Mutations   

Mardi, 03 Mai 2011 13:13

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Henriette Noëlle Ekwe: la femme courage de la presse camerounaise
A bientôt 62 ans, la femme courage de la presse camerounaise a été de tous les combats depuis près de 30 ans. Les quarante dernières années, la vie d'Henriette Ekwé ne fut point un fleuve tranquille. Une vie de militante certes, mais aussi de journaliste, du fait de ses activités ici et ailleurs. Mais pour bien comprendre comment l'alchimie ainsi opérée, peut-être faut-il remonter en ce début de la décennie 1970 lorsque fraîche bachelière du Lycée Leclerc de Yaoundé, elle s'installe à Tours où elle s'inscrit au Département d'anglais.

Après quelques années studieuses, elle prend langue avec la Fédération des étudiants d'Afrique noire (Feanf) où son militantisme prend ses marques. Mais c'est le Manifeste africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) qui va lui permettre de s'affirmer comme «combattante». Surtout qu'elle y croise d'autres jeunes loups de la lutte anticolonialiste comme Anicet Ekane. Ensemble ils vont tout donner à cette cause qui leur est restée cher depuis et qu'Henriette a décidé de ne jamais compromettre. En regagnant l'Angleterre où elle vient de décrocher un job d'enseignante dans la foulée, d'aucuns croient que la flamme militante va être mise en berne. Que non ! C'est même du pain béni pour celle qui croise le chemin d'autres combattants comme Thabo Mbeki, l'ancien président sud-africain alors responsable du bureau de l'African national Congrès au pays de Tatcher. Rencontre déterminante qui lui permet de s'initier au journalisme à travers l'organe de l'Anc «Voice of women».

Commence ainsi un long bail avec les médias. Car cette expérience va lui servir pour affermir «Menzui Nje Nshe» (Femmes nouvelles), la publication de l'Upc dont elle est membre et plus tard «Kamerun Nouveau» où elle est rapidement promue rédacteur en chef. En plus d'animer la rédaction, elle doit faire preuve de stratège pour permettre à ce canard partisan d'atteindre sa cible à savoir les militants, bien sûr, mais surtout la haute administration. Un véritable test pour celle qui a décidé de regagner le pays natal à l'issue du changement à la tête de l'Etat.
Une double activité fondue en une qui ne plaît pas beaucoup au pouvoir de Yaoundé. Elle sera plus d'une fois recherchée, pourchassée, puis arrêtée et torturée par un certain Jean Fochivé l'alors tout puissant patron des services secrets. De cette période pénible, elle a ce commentaire : «J'ai passé près de quatre mois à la gendarmerie de Mboppi à Douala et à la prison de Kondengui à Yaoundé. J'ai été torturée pour tout lâcher. Des interrogatoires assise, debout, habillée, nue n'en finissaient pas. De jour comme de nuit. Ces tortionnaires sont de véritables détraqués qui prennent du plaisir uniquement dans la souffrance de l'autre. Mais pendant ma formation de cadre du parti, j'avais appris à imposer le moral face aux sévices corporels. En fait, la violence c'est l'arme des faibles.»

Au sortir de cet enfer en ces années dites de braise (90-91), elle prend rendez-vous avec la presse grand public en intégrant La Nouvelle Expression où de son rang de secrétaire générale, elle écoute ses jeunes collègues. Mais suite à une incompréhension d'avec son patron sur une action syndicale, elle prend le large et atterrit à l'hebdomadaire Le Front où sa vie de militante ressurgit. Elle sera pris à nouveau à parti par le régime.
Elle ne s'avoue point vaincue, et prend même parfois les devants lorsque devenue promotrice de l'hebdomadaire Bebela, elle s'invite à la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre) pour défendre l'un de ses reporters détenu dans ce qui deviendra par la suite «L'affaire Bibi Ngota». Mais avant, elle aura fait sensation en démissionnant de la section camerounaise de Transparency International. Est-ce tout cela qui lui a valu d'être désigné par les Etats-Unis pour le «Prix du courage féminin» ? Toujours est-il que cela lui a permis de rebondir et d'affirmer sa forte personnalité devant un pouvoir qui a décidément pris date avec elle. Pour combien de temps?


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