'Les particules élémentaires' - Michel Houellebecq

Dans la foulée de 'la carte et le territoire', que j'ai beaucoup aimé, j'ai eu envie de lire d'autres Houellebecq, et je me suis attelé à la lecture des 'Particules élémentaires'. Un livre autrement plus trash, plus violent et moins apaisé. Je dirais même carrément déprimant. Bien écrit, certes, mais cru et cruel, avec également un humour très acide. Les deux personnages principaux sont des espèces de monstres, chacun à sa façon, sur le plan affectif et moral, et pourtant il me semble qu'ils sont très représentatifs de la société moderne. Totalement égoïstes et matérialistes. En même temps lucides au sujet de leur déficience et de leur décadence, qui est celle de toute une génération. 'Les enfants supportent le monde que les adultes ont construit pour eux, ils essayent de s'y adapter de leur mieux; par la suite, en général, ils le reproduisent'Il y a une justesse du regard sur les dérives et la vacuité de la société de consommation, ultra-libérale, génératrice des désirs les plus multiples qui ne conduisent qu'à une succession de frustrations. Mais évidemment il y a aussi dans le livre une description sauvage et brutale, caricaturale, de la quête par les hommes et femmes des plaisirs purement sexuels. Des plaisirs ultra-libertaires qui sont présentés comme autant de pulsions idiotes et puériles, et qui aboutissent, dans le cas de certains, à des actes barbares, et dans le cas de la majorité, à une atrophie des sentiments, un pourrissement de l'esprit et une terreur face au vieillissement et à la mort. Alors 'Les particules élémentaires', une oeuvre morale, comme pouvait l'être 'Orange mécanique'?