Claude Dourguin publie Ciels de traîne dans la collection en lisant en écrivant, chez José Corti.
Le rapport que la musique entretient avec les mots, les paroles plutôt, est tout à fait arbitraire et factice. (Aussi importe-t-il peu que les trois quarts des livrets d’opéra soient ineptes.). Sans doute parce que la musique n’est pas une langue, à ce titre susceptible de traduction – dans les deux sens, elle traduirait et serait traduisible. C’est par convention et après coup que l’on peut prétendre que telle mélodie évoque l’amour, la nostalgie, tel rythme la colère etc… « L’expression n’a jamais été la propriété immante de la musique » rappelait avec fermeté Stravinsky. Nulle équivalence, ni sémantique ni syntaxique ne s’établit entre la musique et la langue. C’est très bien ainsi, souveraine la musique régit son univers sans partage, sans compte à rendre, irréductible.
Claude Dourguin, Ciels de traîne, coll. en lisant en écrivant, José Corti, 2011, p. 66.