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L'homme qui haïssait les femmes - Elise Fontenaille - Grasset

Par Lescalelitteraire

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Elise Fontenaille n'a pas son pareil pour raconter des histoires vraies et des faits divers. Déjà, elle nous avait convaincus avec Les disparues de Vancouver  l'année dernière. Dans L'homme qui haïssait les femmes, nous sommes toujours au Canada, mais plus précisément au Québec, à Montréal. Le 6 décembre 1989, un jeune homme entre dans une salle de cours de l’école Polytechnique, sort un fusil de son sac, force les garçons à sortir de la salle et laisse pour mortes les neuf étudiantes à sa merci. Avant de les tuer, il leur explique : "Vous faites des études scientifiques, vous allez être ingénieurs, vous êtes des féministes, je hais les féministes…"

Il quitte la salle et poursuit son carnage dans les couloirs de l’école, toutes ses victimes sont exclusivement des femmes, il épargne les hommes… Au total, il tuera quatorze jeunes femmes, puis retournera son arme contre lui. Longtemps avant la tragédie de Columbine, rendue célèbre au cinéma par Michael Moore, cette boucherie marque tragiquement le Québec et laissera de profondes séquelles.

Gabriel Lacroix (l'écrivain lui a choisi ce pseudonyme) laisse une lettre où il revendique son geste par haine des féministes, qui, dit-il, "lui ont gâché la vie."

Cet homme reste encore aujourd'hui une icône des masculinistes québecois. Au-delà du fait divers, Elise fontenaille retrace le parcours d'une enfance maltraitée, d'un jeune homme tourmenté, puis qui cède à la folie. Elle enquête, avec précision, pour nous livrer un récit parfaitement écrit et documenté.

Les témoignages rendus dans ce texte sont bouleversants. Celui des rares survivant(e)s au massacre bien sûr, mais aussi celui de la mère de Gabriel et du reste de sa famille. Elise Fontenaille ne relate pas en détails la tuerie de l'Ecole Polytechnique de Montréal. D'autres l'ont fait avant et c'est un travail de romancière qu'elle propose. Elle entre dans le vif du sujet dès les premières lignes, nous plonge au coeur de cette tuerie d'une rare violence, puis, avec un peu de recul (comme elle dit en clin d'oeil à Léo Ferré "avec le temps, va..."), elle nous plonge au coeur des âmes, ou ce qu'il en reste. Comme celle de cet étudiant amoureux, qui avait donné rendez-vous le soir du 6 décembre 1989 à une de ces jeunes femmes assassinées.


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